Dans son dernier rapport sur la Tunisie, le FMI déplore le poids de la fonction publique dans les finances de l’Etat. L’institution demande une réforme rapide.
Une mission des services du Fonds monétaire internationale (FMI) s’est rendue en Tunisie pour recueillir des données économiques et financières, comme chaque année. Au terme des consultations de 2021, le FMI a livré des conclusions claires : « Le déficit budgétaire et la dette publique ont augmenté nettement en 2020 ». L’institution internationale précise que le déficit budgétaire tunisien « est estimé avoir atteint 11,5 % du PIB » quand « les recettes ont diminué, en raison d’une baisse des recettes fiscales ».
Parmi les points noirs cités par le FMI : la masse salariale des fonctionnaires, qui a bondi en flèche. Selon le Fonds monétaire internationales, « des embauches supplémentaires (dont environ 40 % dans le secteur de la santé, notamment pour combattre la pandémie de Covid-19) ont fait s’accroître la masse salariale de la fonction publique à 17,6 % du PIB, soit l’une des plus élevées du monde ».
Un taux de chômage qui augmente encore
Paradoxalement, le FMI déplore une « hausse du taux de chômage, à 16,2 % fin septembre » qui « a touché de manière disproportionnée les travailleurs peu qualifiés, les femmes et les jeunes, et contribue au mécontentement social ».
La Tunisie, une exception en termes de dépenses pour les salariés de la fonction publique ? L’Institut national des statistiques (INS) du pays avait déjà prévenu que, entre 2010 et 2017, le nombre de fonctionnaires avait enregistré une augmentation de 47 %. Soit une moyenne annuelle de 5,87 %.
Si le nombre de fonctionnaires pour mille habitants n’est pas plus important que dans les pays développés, la Tunisie a un handicap de taille : la masse salariales dédiée à la fonction publique « atteint 17,6 % du produit intérieur brut (PIB) », indique le FMI. Un niveau qui est « considéré comme l’un des boulets aux pieds de l’économie tunisienne depuis plusieurs années », résume l’institution de Bretton Woods.
Le nombre de fonctionnaires doit être revu à la baisse
Or, pour négocier un nouveau financement du FMI, l’Etat tunisien doit prendre des mesures. « Le niveau de la masse salariale de l’Etat continue d’inquiéter les partenaires de la Tunisie », assure l’instance financière qui, après rencontre avec les responsables tunisiens, affirme que le gouvernement « cherche à résoudre » cette situation.
Certes, la crise de la Covid-19 a aggravé la situation économique et financière du pays. Mais si la croissance devrait reprendre de manière modeste en 2021, les prévisions « risquent d’être révisées à la baisse ». Pour le FMI, « la politique économique doit avoir pour objectif de rétablir la soutenabilité des finances publiques et de la dette, ainsi que de promouvoir une croissance inclusive ».
Les administrateurs du FMI ont dressé une liste de recommandations à la Tunisie, parmi lesquelles « faire en sorte que la politique et les réformes budgétaires visent à réduire le déficit ». Et cela passe par une réduction de la masse salariale. Sans réforme profonde, « la dette publique de la Tunisie deviendrait insoutenable ».
Autrement dit, le FMI coupera le robinet en cas de stagnation de la masse salariale de la fonction publique.