Lors d’un sommet des non-alignés à Harare, Zimbabwe, le 2 septembre 1986, le leader révolutionnaire du Burkina Faso, Thomas Sankara, a tenu une conférence de presse. Sankara est souvent désigné comme le père de la révolution burkinabée et ses prises de parole publiques étaient un moyen pour lui de promouvoir ses idées et sa vision politique pour son pays et l’Afrique en général.
Les proches de Mousbila Sankara, ancien diplomate et membre de la lutte aux côtés du père de la révolution burkinabée Thomas Sankara qui a été assassiné en 1987, ont annoncé mercredi à l’Agence France-Presse (AFP) qu’il a été “enlevé” mardi 11 juin par des individus se présentant comme appartenant aux services de renseignement.
Selon un proche de Mousbila Sankara, une personne âgée de 74 ans, ce dernier a été enlevé hier vers 5 heures du matin à son domicile situé à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Les ravisseurs se sont présentés comme des agents de l’Agence nationale de renseignement (ANR). Le proche a choisi de garder l’anonymat.
Selon des proches, Mousbila Sankara a été interpellé par un groupe d’individus après sa prière matinale qui l’ont autorisé à prendre ses médicaments étant donné qu’il est sous traitement. La raison de son arrestation initiale était de le questionner et de le ramener plus tard dans la matinée, mais depuis lors, il n’y a pas eu de nouvelles de lui. Ses proches ont dénoncé cet enlèvement et ont appelé à sa libération immédiate. D’autres membres de son entourage ont confirmé qu’il avait été emmené par des individus mardi et n’ont pas eu de nouvelles depuis.
« Ouvrir l’espace public aux citoyens »
En mai dernier, Mousbila Sankara a fait part de ses préoccupations concernant les actions du régime militaire dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré dans une lettre ouverte. M. Sankara a appelé le responsable du régime à protéger les droits fondamentaux des travailleurs qui ont été acquis depuis longtemps et à permettre aux citoyens d’exprimer librement leur opinion dans l’espace public.
Mousbila Sankara, l’oncle paternel de Thomas Sankara, était à la fois son camarade de lutte et son compagnon. Il a également rempli le rôle d’ambassadeur du Burkina Faso en Libye pendant un an, entre 1986 et 1987.
Au cours des derniers mois, plusieurs cas d’enlèvement de personnes considérées comme opposantes au régime militaire en place depuis le coup d’Etat de septembre 2022 ont été signalés à Ouagadougou.
Guy Hervé Kam, un avocat et figure de la société civile au Burkina Faso, qui avait été arrêté à la fin janvier, a été remis en liberté puis enlevé à nouveau fin mai et est actuellement détenu à la prison militaire. Il fait face à des accusations de “complot contre la sécurité de l’État” et “association de malfaiteurs”.
Selon ses proches, le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana, un ancien officier de l’armée poursuivi pour des accusations de tentative de déstabilisation des institutions de l’État, a été enlevé après sa libération sous caution la veille.