La moitié des étudiants étrangers en France sont africains. Une statistique en trompe-l’œil, car la France a de plus en plus de mal à attirer les étudiants africains.
Selon Campus France, le nombre d’étudiants étrangers inscrits en France a augmenté de 8 % en 2021-22. Ils sont désormais 400 000 étudiants étrangers à s’assoir sur les bancs des facultés et écoles françaises. « Il s’agit de la croissance la plus forte enregistrée depuis plus de 15 ans », indique l’organisme public dont le but est de promouvoir à l’étranger le système d’enseignement supérieur et de formation professionnelle français.
Le Maroc et l’Algérie sont les deux pays qui comptent le plus d’étudiants et apprentis du supérieur en France, avec respectivement 46 000 et 31 000. Tunisiens, Sénégalais, Ivoiriens et Camerounais sont également bien placés.
La zone Afrique du Nord-Moyen-Orient est « la première zone par le nombre d’étudiants accueillis », indique l’organisme public, qui pointe une « augmentation particulièrement importante depuis le Moyen-Orient ».
Les Subsahariens moins enclins à étudier en France
Mais ces chiffres cachent une réalité différente. Si les étudiants africains représentent la moitié des étudiants étrangers présents en France, l’Afrique subsaharienne n’est pas à la fête : cette région « enregistre une progression de 5 %, en-dessous de la moyenne de 8 % », admet Campus France.
La situation des étudiants africains venus d’Ukraine n’y est sans doute pas étrangère : les étudiants africains résidant en Ukraine ont été exclus du dispositif d’urgence mis en place par Paris. Pierre Henry, président de France Fraternités, publiait en mars dernier une tribune pour redire que « le tri entre réfugiés d’Ukraine nourrirait une accusation de traitement discriminatoire ». Les étudiants subsahariens n’ont pas vraiment apprécié d’être exclu de la protection temporaire. Ils n’avaient obtenu des visas que pour une durée d’un mois.
De plus, pendant la crise sanitaire, les étudiants africains venus poursuivre leur cursus en France ont dû faire face à de grosses difficultés financières, couplée à la peur de l’expulsion du territoire. Délaissés par les universités, les étudiants venus d’Afrique sont désormais réticents à poursuivre leurs études dans l’Hexagone.
Politique migratoire rédhibitoire
Au-delà de la guerre en Ukraine et de la Covid-19, la France attire en réalité de moins en moins les étudiants africains. D’abord à cause de la concurrence étrangère et de la baisse des écoles françaises dans les classements internationaux. Les étudiants d’Afrique francophone commencent à délaisser la France pour se tourner vers de nouvelles destinations, comme le Canada, les États-Unis ou le Royaume-Uni.
Parmi l’ensemble des bacheliers AEFE ayant choisi la France, 56,2 % viennent d’un lycée du continent africain, mais ce chiffre est en diminution ces dernières années. La France peut encore compter sur plusieurs attraits, comme sa langue ou ses liens historiques avec certains pays africains. Mais la part des étudiants africains en France est en recul depuis quinze ans, et des pays émergent, tels que l’Arabie saoudite, le Canada francophone, l’Allemagne, l’Italie, la Malaisie, l’Indonésie ou même les Émirats arabes unis.
Un manque d’attractivité conjugué à la difficulté d’obtenir des visas. Mais aussi à un ressentiment de plus en plus important vis-à-vis de la France. Enfin, la recherche française est en crise, et il devient de plus en plus difficile pour l’Hexagone de recruter des talents.