Accusée de complicité de crimes contre l’Humanité pendant le conflit du Darfour, la banque française BNP Paribas est visée par une enquête à Paris.
Dans une affaire qui secoue le monde financier, les enquêteurs français révèlent que la BNP Paribas a délibérément maintenu ses opérations bancaires avec le Soudan malgré les embargos en place. Les conclusions préliminaires, issues des perquisitions effectuées en juin 2021 dans les locaux de la BNP Paribas en région parisienne et en Suisse, pointent du doigt la banque pour avoir contourné les règles internationales et les sanctions imposées par l’ONU, les États-Unis et l’Union européenne pendant la période de conflit au Darfour entre 2002 et 2008.
Les enquêteurs affirment que la BNP Paribas était pleinement consciente des implications de ses actions, allant jusqu’à remplacer les banques américaines pour les opérations de compensation. Les documents internes révèlent que la banque était informée en temps réel des évolutions des règles internationales, facilitant ainsi le financement des autorités soudanaises sur le marché en dollars et contribuant indirectement au financement de leurs crimes.
Cette affaire a été portée devant la justice française par la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), neuf réfugiés soudanais et la Ligue des droits de l’homme (LDH), accusant la BNP Paribas de complicité de crimes contre l’Humanité. L’avocate Clémence Bectarte souligne que le contournement des règles internationales aurait permis aux autorités soudanaises de disposer des moyens financiers nécessaires pour perpétrer des crimes de masse.
En 2014, la BNP avait déjà été condamnée aux États-Unis pour avoir violé les embargos américains au Soudan, à Cuba et en Iran, payant une amende record de près de 8,9 milliards de dollars. Cette nouvelle enquête en France met en lumière un aspect plus grave, celui de la complicité présumée dans les crimes commis par le gouvernement soudanais.
Malgré les avancées de l’enquête révélées par l’Agence France-Presse (AFP), la BNP Paribas n’a pas encore réagi aux accusations portées à son encontre. Cette affaire soulève des questions cruciales sur la responsabilité des institutions financières dans le respect des normes internationales et leur engagement éthique dans des contextes sensibles comme celui du Soudan.