Confrontés au terrorisme, le Togo et le Bénin luttent contre les groupes armés, mais ne respectent que trop peu les droits humains, selon l’ONG Amnesty International.
Alors que le Bénin affirmait, il y a quelques mois, avoir connu « près d’une vingtaine d’attaques de groupes armés » entre fin 2021 et mai 2022, le Togo a essuyé, de son côté, plusieurs attentats, notamment au mois de juillet dernier. Les autorités de ces deux pays voisins sont sur les dents. D’un côté, Patrice Talon a demandé de l’aide à Emmanuel Macron. Le président français a promis à son homologue béninois de coopérer sur « la formation et l’équipement ». De l’autre, Faure Gnassingbé a annoncé l’envoie de renforts dans la région des Savanes, à la frontière burkinabè.
Mais voilà, la lutte antiterroriste dans les deux pays semble avoir des répercussions sur les droits humains. L’ONG Amnesty International assure avoir eu vent « d’arrestations, de détentions arbitraires, de violations des droits à la liberté de réunion » qui, selon elle, « constituent un manquement grave de la part des autorités du Bénin et du Togo dans le cadre de la lutte contre les groupes armés ».
Selon Amnesty, « des personnes ont été arrêtées et placées en détention de façon arbitraire dans ces deux pays, notamment en raison de leur appartenance communautaire ». Ce serait le groupe ethnique peul qui serait la cible privilégiée des forces armées. L’ONG cite le cas de deux rassemblements politiques qui ont, au Togo, été interdits. Mais c’est surtout le cas d’un directeur de journal qui inquiète Amnesty : celui-ci a été convoqué par les autorités judiciaires togolaises après avoir évoqué une « bavure » de l’armée. Un fait avéré, pourtant.
Rappel à l’ordre de l’ONU
De quoi craindre le pire ? « Ces violations des droits humains risquent de devenir systématiques et de s’aggraver, comme c’est le cas dans des pays voisins qui combattent les mêmes groupes armés depuis plusieurs années. Les autorités béninoises et togolaises doivent maintenant mettre un terme à cette situation », demande Samira Daoud, directrice régionale pour l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International pour qui « la menace que représentent les groupes armés est également utilisée comme prétexte pour restreindre les droits civils et politiques ».
En effet, depuis le 13 juin 2022, le Togo a instauré l’état d’urgence sécuritaire dans la région des Savanes. L’armée profiterait de cette situation pour effectuer des arrestations arbitraires. Au Bénin, la situation est similaire. Or, « comme l’a réaffirmé une résolution sur les droits à la liberté de réunion pacifique et d’association adoptée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU en juillet 2022, les mesures d’urgence doivent être nécessaires, proportionnées au risque évalué et appliquées de manière légale et non discriminatoire, même en temps de crise », affirme Amnesty International.