Alibaba propose désormais des livraisons de colis en vingt jours. Sa filiale logistique s’est installée au Nigeria. Une première étape avant de proposer ses systèmes de stockage de données électroniques ?
En 1999, Jack Ma créait Alibaba site de vente en ligne en tunisie, avant de quitter le groupe en 2019. Le géant chinois de la vente en ligne, deux décennies plus tard, aimerait miser sur l’Afrique. Un travail entrepris il y a plusieurs années, qui n’a pas toujours été simple. « L’entreprise compte aujourd’hui peu d’activités sur le continent, et aucune installation en propre », déplorait William Shi, conseiller en relations publiques de l’entreprise chinoise, il y a trois ans. A l’époque, celui-ci avait détecté des « opportunités » sur le continent, et il comptait bien mettre l’Afrique au centre de la stratégie mondiale d’Alibaba.
Une stratégie qui est d’abord passée par la recherche de producteurs africains, qui a amené Alibaba à s’intéresser au Rwanda. Yu Bo, responsable des affaires publiques du groupe, indiquait alors que le groupe chinois s’appuierait sur un réseau de PME africaines qui pourraient commercialiser leurs produits sur la plateforme et vendre aux Chinois, également via la chaîne de grande distribution Hema Xiansheng. Avec sa plateforme eWTP, Alibaba proposait alors du café d’Ethiopie, du beurre de karité du Mali ou encore du poivre blanc du Cameroun.
« Nous avons encore beaucoup à apprendre sur l’Afrique »
Mais très vite, Alibaba s’est retrouvé confronté à une spécificité africaine qui n’a pas facilité l’atteinte de ses objectifs. « Les pratiques de l’e-commerce sont très différentes d’un endroit à l’autre et nous avons encore beaucoup à apprendre sur l’Afrique », affirmait à Jeune Afrique William Shi, en 2019.
Depuis, le géant chinois de l’e-commerce s’est développé. Et Alibaba tente une nouvelle percée sur le continent via sa filiale logistique, Cainiao Smart Logistics. Cette fois, c’est pour que les produits de la plateforme fassent le chemin inverse, à savoir partir de la Chine pour être vendus partout sur le continent.
Il y a une semaine, Cainiao Smart Logistic a lancé sa première ligne de fret aérien, qui relie la Chine et le Nigeria. Six fois par semaine, des colis seront acheminés depuis Hong Kong jusqu’à Lagos. De la capitale nigériane, des partenaires locaux de Cainiao prendront le relais, indique le communiqué de la filiale d’Alibaba.
Jusqu’à aujourd’hui, les livraisons vers l’Afrique prenaient en moyenne deux mois. Il faudra désormais tout au plus trois semaines pour acheminer les colis vers Lagos et ses environs. Une nouvelle stratégie qui doit beaucoup à la demande de plus en plus importante en Afrique. « L’Afrique, qui est l’un des principaux marchés émergents de Cainiao, a connu une forte demande de la part des consommateurs locaux qui achètent des articles tels que des vêtements, des appareils ménagers et des accessoires électroniques en provenance de Chine », indique Cainiao. En 2019, Alibaba avait signé un accord de logistique avec Bolloré.
Alibaba, sur tous les fronts du digital
Certes, la livraison de colis est un marché important pour Alibaba : le marché africain du commerce électronique, qui croît de 17 % par an, devrait atteindre 34,6 milliards de dollars d’ici à 2024. Mais pour Alibaba, ce marché représente une porte d’entrée. Outre le e-commerce, le groupe chinois tente également de s’imposer dans les services de stockage de données électroniques ou encore dans le secteur de l’intelligence artificielle.
Récemment, Alibaba a participé à un appel d’offre à Madagascar, dans le cadre du projet de digitalisation des institutions locales. La Banque mondiale a consacré 143 millions de dollars à ce projet, et Alibaba se verrait bien s’insérer dans la digitalisation des papiers d’identité, alors que le groupe chinois vient tout juste d’obtenir le marché du stockage des données administratives fédérales de la Confédération suisse. Comme Huawei, une autre entreprise chinoise, Alibaba tisse peu à peu sa toile en Afrique alors que le groupe est sous la coup d’une enquête pour avoir violé les lois antitrust en Chine.