Le 21 mars, les Congolais voteront pour leur président. Denis Sassou N’Guesso part grand favori, notamment parce qu’il a, face à lui, une opposition aussi dispersée que dénuée d’idées.
C’est une campagne électorale sans grand suspense qui débute, ce vendredi 5 mars, au Congo-Brazzaville. Non pas que les enjeux, notamment économiques et sociaux, ne soient pas importants. Mais à deux semaines du scrutin, on connaît déjà l’issue du vote : le président Denis Sassou N’Guesso est en effet ultra favori. Reste à savoir s’il passera dès le premier tour de l’élection présidentielle.
C’est à Pointe-Noire que le président du Congo-Brazzaville lance sa campagne. Le candidat du Parti congolais du travail (PCT) a un boulevard devant lui : pendant quinze jours, il fera le tour du pays pour montrer toutes les réalisations de son dernier mandat. Le président congolais va également s’appuyer sur son bilan en matière de sécurité. Malgré des affrontements dans le Pool en 2016 et 2017, le pays a retrouvé une certaine tranquillité. Là où le Mali, le Niger, la Somalie, la République centrafricaine ou encore la République Démocratique du Congo sont en proie à des violences, le président congolais a su pérenniser la paix dans son pays.
Une opposition issue du sérail
La consolidation de cette paix et de la sécurité seront certainement des enjeux majeurs de la campagne qui débute ce vendredi. Face à Denis Sassou N’Guesso, six candidats tenteront leur chance. Parmi les outsiders les plus en vue, Guy-Brice Parfait Kolélas, qui était arrivé deuxième lors de la présidentielle de 2016, l’ancien officier de l’armée Albert Oniangué ou encore l’ex-ministre des Finances, Mathias Dzon. Des « ex », donc, qui ont bien du mal à convaincre l’opinion publique de leur légitimité. Notamment parce qu’ils sont tous issus du régime actuel.
A l’instar de Guy-Brice Parfait Kolélas. Fils de Bernard Kolélas, qui fut l’un des plus proches ministres de Denis Sassou N’Guesso, Guy-Brice Parfait dispose d’une base électorale faible dans son fief, les électeurs étant divisés entre son frère, resté fidèle au président, et le candidat à la présidentielle. En 2017, bien qu’il avait rejoint l’opposition, Guy-Brice Parfait Kolélas affirmait être « reconnaissant » vis-à-vis du président congolais, tant son « expérience en matière de gestion de la chose publique doit beaucoup à Denis Sassou N’Guesso ». Difficile, dès lors, de s’imposer comme une alternative crédible.
Mathias Dzon, lui aussi, est issu du sérail présidentiel. L’ancien ministre des Finances du président Sassou N’Guesso a déjà été candidat en 2009, mais il avait finalement appelé au boycott du scrutin présidentiel. Accusé de détournements de fonds lorsqu’il était en poste, Mathias Dzon prévient qu’il appellera à des actions après le scrutin. Parmi les demandes de Dzon, l’annulation du vote militaire. « S’il n’est pas annulé, nous n’en reconnaitrons pas les résultats », prévient-il. Les militaires voteront bien quelques jours avant le scrutin populaire. Mathias Dzon risque bien de lancer une grande campagne médiatique, dès les résultats du vote annoncé, pour contester les résultats.
Sassou N’Guesso, artisan de la paix en Afrique ?
Dispersée, l’opposition devrait donc réaliser des scores très faibles. La seule réelle opposition vient finalement d’un camp qui ne présente aucun candidat à l’élection présidentielle : l’Eglise. Il y a quelques semaines, la Conférence épiscopale du Congo a émis de « sérieuses réserves » quant à l’organisation d’un scrutin présidentiel transparent. En pleine pandémie mondiale, l’Eglise estime qu’il faut revenir sur le couvre-feu imposé à la population.
Pas de quoi inquiéter Denis Sassou N’Guesso. Le chef de l’Etat congolais, également président du Comité de haut niveau de l’Union africaine (UA) sur la Libye, sera bien, le 21 mars prochain, le principal bénéficiaire de sa politique en faveur de la paix. Mi-janvier, l’ambassadeur des Etats-Unis au Congo, Todd Haskell, a d’ailleurs salué « l’effort du chef de l’Etat congolais dans l’équilibre régional ». Alors que les pays voisins du Congo-Brazzaville sont confrontés à des situations sécuritaires précaires, le président congolais devrait s’appuyer sur son bilan en la matière pour être réélu dans deux semaines.