Samedi, Ons Jabeur a perdu une nouvelle finale d’un tournoi du Grand Chelem, lors de l’US Open. À quoi la Tunisienne doit-elle cette malédiction ?
Une nouvelle finale perdue pour Ons Jabeur ! La tenniswoman tunisienne était pourtant l’une des favorites de l’US Open après son parcours dantesque. Mais elle s’est inclinée, samedi, en finale face à la Polonaise Iga Świątek, 2/6, 6/7. Le score serré lors du second set ne doit pas faire oublier l’entame très timide de la Tunisienne, qui n’a pas su rentrer dans son match. Résultat : une nouvelle désillusion pour la joueuse.
Les statistiques de la rencontre montrent à quel point Ons Jabeur était loin d’être la première Africaine à remporter l’US Open : la Tunisienne n’a jamais remporté plus de deux jeux d’affilée. Elle est restée en-deça de sa concurrente du jour en ne passant que 64 % de premiers services, en faisant quatre doubles-fautes et en ne convertissant que trois de ses neuf balles de break. Des statistiques indignes du statut d’Ons Jabeur qui, sur l’ensemble de son tournoi, méritait bien mieux.
Mais qu’a-t-il manqué à la joueuse ? Dans ce match, de la précision. Ons Jabeur avait-elle trop de pression sur les épaules ? Certainement. Cette « peur de gagner » n’est pas rare chez les tenniswomen qui n’ont jamais remporté de tournoi majeur. La Tunisienne a également certainement joué de malchance, comme à Wimbledon plus tôt dans l’année. Enfin, cette fois, aux États-Unis, Ons Jabeur était opposée à la numéro 1 mondiale, Świątek. La marche était un peu trop haute pour elle.
Après les espoirs, la déception
Conséquence : Jabeur pourrait bien terminer sa carrière sans victoire dans un tournoi de Grand Chelem alors qu’elle occupe actuellement la place de numéro 2 au classement WTA. Certes, la Tunisienne a déjà gagné à Birmingham en Grande-Bretagne, en juin 2021. Mais le tournoi de Birmingham n’est ni Wimbledon, ni Roland-Garros.
Cependant, Ons Jabeur avait déjà remporté, en junior, un tournoi du Grand Chelem. C’était à Roland-Garros, en 2011, un an après avoir perdu sa première finale. Depuis, le public tunisien, voire africain, place beaucoup d’espoirs sur elle. Lauréate du prix de la femme arabe de l’année en 2019, elle était prédestinée à enchaîner les titres.
Mais depuis 2021, le sort semble s’acharner contre Ons Jabeur : lors du tournoi de Charleston, elle tombe en finale contre l’Australienne Astra Sharma. Après avoir remporté le premier set, elle finit par s’incliner. La Tunisienne décide alors de travailler dur pour que 2022 soit son année. Sans plus de succès. Si l’US Open était inaccessible avec une Świątek imbattable, Wimbledon devait logiquement entrer à son palmarès, Jabeur étant bien mieux classée que son adversaire lors de la finale.
Mais peut-on résumer cette série de défaites en finale à la malchance ? Sur le plan physique, mais également psychologique, Ons Jabeur ne semble souffrir d’aucune fragilité. La joueuse a simplement un peu trop de déchet dans son jeu, qui permet à son adversaire d’en profiter.
Le problème est donc ailleurs. Dans l’attachement d’Ons Jabeur à son pays ? La joueuse s’entraîne en effet régulièrement en Tunisie. Or, souffle une source proche de la joueuse, « la Fédération tunisienne de tennis, comme les autres fédérations sportives du pays, en fait peu pour elle ». En Tunisie, les équipements ne sont pas forcément adaptés au circuit professionnel.
La Tunisie, entre amour et raison
D’aucuns reprochent à Ons Jabeur d’avoir manqué d’ambition. Depuis 2020, la Tunisienne a changé d’entraîneur pour suivre les conseils de son compatriote Issam Jellali. Ce dernier est un ancien joueur, qui a notamment participé à la Coupe Davis. « Ons Jabeur a besoin de se sentir proche de la Tunisie », affirme un proche. Mais prendre un entraîneur de renommée mondiale n’aurait-il pas été plus efficace ?
Là où les autres joueuses changent d’entraîneur au moment de franchir des caps — comme Emma Raducanu —, One Jabeur, elle, préfère la continuité. La Tunisienne fonctionne à l’affect. « Nous avons commencé ensemble à partir de rien. Nous sommes maintenant dans le top 10 du classement WTA, disait-elle il y a quelques mois. Certaines personnes doutaient beaucoup de notre relation, mais nous sommes restés ensemble. Il n’est pas nécessaire d’avoir un entraîneur avec beaucoup d’expérience ».
Reste qu’à 27 ans, Ons Jabeur approche petit à petit de la fin de sa carrière professionnelle. Et la Tunisienne devra aller vite, et fort, pour remporter un tournoi du Grand Chelem avant de poser définitivement la raquette. Cela passe-t-il par un changement d’entraîneur ? Ou Ons Jabeur saura-t-elle faire enfin tourner la roue ?