Invité à participer au sommet de la Ligue arabe à Alger par le président Abdelmadjid Tebboune, Mohammed VI n’a toujours pas fait officiellement part de sa décision de prendre part ou non à l’événement.
Il est l’attraction du pré-sommet de la Ligue arabe prévu en Algérie les 1er et 2 novembre prochains. Le roi du Maroc, Mohammed VI, s’est vu remettre, le 27 septembre dernier par le ministre algérien de la Justice Abderrachid Tabi une « lettre d’invitation » pour le sommet. Depuis, l’attente est presque insoutenable. Le monarque répondra-t-il positivement au président algérien Abdelmadjid Tebboune ?
Si le palais royal n’a pas encore officiellement répondu, la presse marocaine, dont Le360, un relai du pouvoir, estime qu’il « est fort probable que le roi Mohammed VI participe à ce sommet ». Les médias du royaume estiment que le déplacement de Mohammed VI à Alger « constitue l’indicateur de performance du sommet de la Ligue arabe ».
Mais alors pourquoi le roi patiente-t-il autant avant de donner une réponse positive à la présidence algérienne ? La presse du royaume travaille actuellement à faire de la présence du monarque le seul événement de ce sommet. Le360 évoque notamment des « déficits logistiques », des « problèmes de sécurité » et une « instrumentalisation de l’événement par les généraux ». Une façon de jeter le discrédit sur Alger et de déplacer les enjeux à la seule présence du roi du Maroc.
Le rôle « fédérateur » de l’Algérie irrite la presse marocaine
Car le réel problème pour Rabat, c’est qu’en accueillant le sommet de la Ligue arabe, l’Algérie se pose en « rassembleur » et en « fédérateur ». Abdelmadjid Tebboune « souhaite que cette rencontre soit unificatrice » et « la présence de tous est indispensable afin de prendre des décisions nécessaires pour relancer la coopération entre les pays arabes », a récemment indiqué le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra.
Le pré-sommet semble aussi important que le sommet en lui-même. Les deux semaines précédant l’événement sont décisives et symbolisent la bataille diplomatique qui oppose Alger et Rabat. Du côté du Maroc, les médias reprochent une déclaration attribuée, fin 2021, à Ramtane Lamamra, qui aurait dit que « le prochain sommet arabe sera dédié au soutien à la cause palestinienne et au peuple sahraoui ». S’il sera bien question de la Palestine, la question du Sahara occidental ne sera pas abordée.
Lamamra assure d’ailleurs que la politique algérienne « est basée sur la neutralité afin d’instaurer un climat de justice dans le monde arabe. Notre pays a eu des positions honorables depuis son adhésion à l’ONU, et notamment concernant la question palestinienne ». Signataire des Accords d’Abraham, le Maroc est très attendu sur cette dernière question.
Le prélude à un rapprochement Maroc-Algérie
Mais surtout, la question de la venue ou non de Mohammed VI est primordiale car elle sera, dans un cas ou dans l’autre, primordiale pour la suite des relations entre l’Algérie et le Maroc.S’il prend son temps pour l’annoncer, le monarque a en tout cas tout intérêt à se rendre à Alger. S’il refuse, il sera considéré comme le responsable de l’envenimement des relations algéro-marocaines. S’il accepte l’invitation, il montrera qu’il est prêt à envisager un rapprochement avec Alger.
Reste cependant une question : depuis plusieurs semaines, le roi Mohammed VI est peu présent au Maroc. Régulièrement au chevet de sa mère, Lalla Latifa, malade, le monarque est omniprésent en France. Il a délégué les affaires courantes à son entourage proche, dont son fils, Moulay Hassan, le prince héritier. Mais Mohammed VI garde un œil sur son royaume. Il devra rapidement décider d’annoncer sa venue à Alger, car le flou qui entoure l’événement, s’il se prolonge, risque de ne pas jouer en faveur du Maroc.