Alors qu’il avait promis de ne pas se présenter à l’élection présidentielle, Mahamat Idriss Déby, le président tchadien de la Transition, a été investi par son parti pour le scrutin qui aura lieu à la fin de l’année.
Idriss Déby avait dirigé son pays, le Tchad, pendant trente ans, quatre mois et seize jours. Son fils, le général Mahamat Idriss Déby, n’est actuellement que président de Transition. Mais, petit à petit, il avance sur les traces de son père et prépare le terrain à une dynastie. Désigné candidat à l’élection présidentielle par son parti, le Mouvement Patriotique du Salut (MPS), réuni en Congrès, il devrait poursuivre sa mission à la tête du Tchad en fin d’année.
Une entorse à l’un de ses engagements. Lors de son arrivé au pouvoir en avril 2021, par ce que les observateurs qualifient de coup d’Etat institutionnel après la mort de son père, le militaire avait fait deux promesses qu’il n’a pas tenues. Il avait tout d’abord annoncé une transition de 18 mois, qui a été, depuis, prolongée. Il s’était surtout engagé à ne pas se présenter à la présidentielle. Là encore, les promesses n’engagent que ceux qui y croient.
Mahamat Déby fait donc son bonhomme de chemin, sur les traces de son père. Avec peut-être plus de finesse. Après un référendum constitutionnel qui avait pour objectif de lui ouvrir le chemin de la présidentielle, Mahamat Déby a réussi à se mettre dans la poche le principal opposant de son maréchal de père, Succès Masra, récemment nommé Premier ministre.
Après sa nomination, Succès Masra avait assuré qu’« il n’y pas d’éléments aujourd’hui qui puissent montrer qu’il n’y aurait pas d’élections en 2024 ». Il laissait même planer le doute sur une possible candidature en indiquant que « le moment viendra où les gens vont faire leur choix ». En attendant, Succès Masra disait vouloir « servir la République » et affirmait faire « totalement confiance » au président Déby.
Il est donc logique que Succès Masra n’ait pas encore commenté la candidature de son président à l’élection présidentielle. Reste à savoir quelle sera la réaction de la communauté internationale. L’Union africaine, à qui il avait promis de ne pas se présenter, osera-t-elle contester cette promesse non-tenue ? Et qu’en sera-t-il de la France, partenaire historique du Tchad ? Jusqu’à maintenant, Paris est restée fidèle au régime militaire tchadien.