Alors que l’Espagne est félicitée pour la mise en place du « congé menstruel » en cas de règles douloureuses, un pays africain a été précurseur. Depuis 2015, la Zambie offre un jour de congé par mois aux travailleuses.
Ce 16 février 2023 est un « jour historique pour les avancées féministes », à en croire les mots de la ministre espagnole de l’Égalité, Irene Montero. Depuis hier, et le vote des députés espagnols, la loi accorde aux femmes un « congé menstruel » en cas de règles douloureuses. Une grande première en Europe. Mais bien avant le royaume espagnol, plusieurs pays avaient déjà instauré une loi similaire, en Asie, mais également en Afrique. En effet, depuis 2015, les femmes bénéficient d’un jour de congé par mois en Zambie. Et contrairement à l’Espagne ou aux pays asiatiques, pas besoin de faire de nombreuses démarches médicales : aucun certificat médical ni préavis n’est demandé aux femmes qui souhaitent prendre une journée chaque mois.
Ce jour, pudiquement baptisé « fête des mères », a pourtant animé les débats au moment de sa mise en place. Des ONG avaient effectué une grosse opération de lobbying en direction des élus. « Certaines femmes ont des pertes de sang importantes, d’intenses douleurs, d’autres vomissent, indiquait le Conseil de coordination des ONG de Zambie. Cela a des conséquences sur leur travail ». Les parlementaires avaient alors accordé une journée de congé pour les salariées des fonctions publique et privée. Si les « congés menstruels » étaient déjà en vigueur au Japon, en Indonésie, en Corée du Sud ou encore à Taïwan, la Zambie faisait figure de pionnière en Afrique. Et c’est d’ailleurs toujours le seul pays à s’être doté d’une telle loi.
De plus en plus respecté par les entreprises
Mais après la mise en place de la loi, plusieurs abus ont été constatés. « Quand des femmes ont besoin de faire quelque chose, elles prennent leur congé menstruel au lieu de prendre un jour de vacances », expliquait, en 2017, Laura Miti, directrice de l’ONG Alliance for Community Action. Les opposants à la « fête des mères » déploraient alors une baisse de la productivité, sans que cela n’ait pu être prouvé, nuançait alors Cecilia Mulindeti-Kamanga, haut fonctionnaire au ministère zambien du Travail. Malgré les abus, cette loi a en tout cas été une grande avancée dans la lutte pour les droits des femmes.
Et pour obliger les employeurs à libérer leurs salariées un jour par mois, la Zambie a mis en place un véritable arsenal juridique. Des amendes ont été prévues pour les employeurs refusant d’accorder la « fête des mères » à leurs employées. Une peine allant jusqu’à 6 mois d’emprisonnement est même également prévue. Si de nombreuses entreprises ont été réticentes à offrir un jour de congé mensuel supplémentaire aux femmes, ou ont, pour certaines, imposé un préavis, la loi commence à être de plus en plus respectée à Lusaka.