Mercredi soir à Rome, les groupes armés du nord du Mali, réunis au sein du CSP, ont signé un accord de paix avec le ministre malien de la Réconciliation nationale Ismaël Wagué. Le document, baptisé « Accord de principe de Rome », ne plaît que moyennement à la diplomatie française.
C’est sous la tutelle de l’ONG Ara Pacis Initiatives que les rebelles de l’Azawad signataires de l’Accord d’Alger de 2015, se sont déplacés à Rome, à bord d’un avion algérien, pour y rencontrer le représentant du gouvernement malien, le ministre de la Réconciliation nationale Ismaël Wagué.
Après quatre jours de pourparlers dans la capitale italienne, les représentants du Cadre stratégique permanent (CSP), un regroupement des ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) — et Wagué ont signé l’Accord de principe de Rome. Une charte garantissant la fin définitive des hostilités entre l’Azawad et Bamako.
L’aboutissement des efforts diplomatiques initiés par l’Algérie en 2015. Mais, également, un pied de nez à Paris : les « spécialistes » Afrique de tous bords se sont succédé sur les plateaux télévisés, affirmant qu’il « n’existera jamais de paix dans le nord malien avec l’Azawad ».
Dernier en date, l’ancien ambassadeur français au Mali, et conseiller Afrique au Cabinet du ministre français des Affaires étrangères, Nicolas Normand. Dans tous ses états, le diplomate a affirmé, sur les ondes de TV5 monde, qu’au lieu d’expulser l’ambassadeur français du Mali, Bamako aurait dû exclure son homologue italien.
« A quel titre l’Italie invite-t-elle les membres du CSP ? », interroge Normand, qui considère que « l’Azawad est une absurdité politique », et que le mouvement rebelle devrait être « désarmé, pas armé ».
Nicolas Normand : L’Azawad est une absurdité politique pic.twitter.com/150t6zHXJv
— Barou Sanogo (@barousanogo1970) February 1, 2022
La France prise de court
Une action diplomatique qui a pris Paris de court. La France, aux antipodes avec les autorités maliennes, panse encore ses plaies après le renvoi de Bamako de son ambassadeur. Un fiasco provoqué par les déclarations hostiles successives du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Et alors que les diplomates français continuent à tirer à boulets rouges sur les autorités maliennes, ces dernières ont tout mis en œuvre pour marginaliser l’allié hostile qu’est devenue la France.
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Il s’agissait, d’abord, pour Bamako, de contourner les sanctions de la Cedeao — adoubées par la France —, en s’assurant le soutien de l’Algérie et de la Mauritanie. Ensuite, l’annonce de l’impossibilité pour le Mali de payer ses obligations en raison des sanctions, confirmée par la BOAD et la BIDC, a montré l’erreur monumentale que constituent ces sanctions.
Désormais, cette paix durable avec l’Azawad, que la France a longtemps et ouvertement entravée, montre que, finalement, le gouvernement malien est plus capable d’assurer son intégrité territoriale en l’absence de l’interventionnisme français. Et, surtout, par la voie de la diplomatie, et non par les armes.
Avec Barkhane qui se retire progressivement du Mali, il sera improbable pour les Français de saboter ce nouvel accord de paix, comme ce fut le cas avec les deux accords de Niono, ou avec l’Accord d’Alger.
Enfin, dans le dossier malien, c’est finalement l’Italie qui sort son épingle du jeu en allant, encore une fois, contre les intérêts européens et en poursuivant son propre agenda en Afrique.
Les ex rebelles du Mali abandonnent la France en plein vol, en signant la paix en Italie. Le Ministre de la réconciliation nationale, le colonel Ismaël Wagué était présent. pic.twitter.com/wAPZ42qW3o
— Imprévisible 🇲🇱🇮🇪 (@Hadji1006) February 2, 2022