Des manifestations sont actuellement réprimées au Tchad. Des contestataires s’opposent à la prolongation de deux ans de la durée de transition.
La désignation de Saleh Kebzabo au poste de Premier ministre, par le président du Tchad Mahamat Idriss Déby Itno, ne fait pas oublier au peuple tchadien que la période de transition devait se terminer officiellement ce jeudi 20 octobre. Voilà en effet dix-huit mois jour pour jour que le Conseil militaire a fixé à un an et demi, renouvelable, la transition. Mais le 1er octobre, les autorités du pays ont indiqué que cette dernière pourrait durer jusqu’à deux ans, avant la tenue d’élections. Une annonce suivie d’une autre, passée plutôt inaperçue : le fils Déby pourra, s’il le souhaite, se présenter lors de la présidentielle à venir.
Des décisions prises après un « dialogue national inclusif et souverain » plutôt chaotique. Maintes fois reporté, celui-ci n’a pas convaincu la société civile. Interrogé par Le Monde, le politologue tchadien Evariste Ngarlem assure que « l’adoption de la résolution concernant l’éligibilité du président du Conseil militaire de transition et la prolongation de la transition pour vingt-quatre mois aura pour conséquences sur le plan national la résistance de partis politiques, de la société civile et de l’Union africaine. L’Union européenne et les Etats-Unis n’accepteront pas que la transition soit prolongée après le 20 octobre ni l’éligibilité du PCMT. Ces partenaires prendront des sanctions contre le Tchad et le CMT sera dos au mur ».
Pourtant, la communauté internationale reste particulièrement silencieuse. Surtout la France, peu encline à critique Mahamat Idriss Déby Itno, un allié de poids pour sa lutte contre le terrorisme au Sahel. Si la situation au Tchad reste pour le moins confidentielle, sur place, elle est tendue.
Manifestations réprimées
Des manifestations ont éclaté ces dernières heures. Si le message que les contestataires tentent de faire passer est qu’ils ne veulent pas d’une transition prolongée, ils demandent également le départ de Mahamat Idriss Déby Itno.
Plusieurs partis politiques, mais aussi des associations de la société civile, veulent se faire entendre. Tous savent que ce n’est pas le président de la transition qui les écoutera mais bien la communauté internationale. Cette dernière réagira-t-elle à ce qui est en train de se dérouler au Tchad ?
D’autant que des violences ont éclaté. Les rassemblements sont interdits par la junte en place, qui craint une « tentative d’insurrection armée ». D’ores et déjà, le gouvernement de Kebzabo estime que les manifestants descendant dans les rues seront accusés de vouloir « déstabiliser notre pays » et de « créer une insurrection populaire et armée avec l’appui de forces extérieures ».
Ce matin, la tension est toujours palpable. Selon plusieurs témoignages sur place, des tirs ont été entendus et les forces armées n’hésiteraient pas à tirer à balles réelles.