Après les législatives de dimanche au Sénégal, les deux camps affirment avoir gagné. Tout un pays attend désormais les résultats officiels.
Tant qu’ils ne sont pas officiels, les résultats des législatives sénégalaises font l’objet de nombreuses spéculations. Il faut dire que l’enjeu est important. « Si Macky Sall perd les législatives, il ne parlera plus de troisième mandat », avait prévenu Ousmane Sonko avant que les Sénégalais ne se déplacent dans les bureaux de vote. Ce dimanche 31 juillet au Sénégal est d’ailleurs resté très calme. L’après-scrutin, lui, a laissé place à quelques tensions.
Et pour cause, vingt-quatre heures après la clôture des bureaux de vote, opposition et coalition au pouvoir se disputent la victoire. Aminata Touré, tête de liste de la coalition présidentielle, Benno Bokk Yakaar (BBY), a assuré avoir « gagné 30 départements » sur les 46 que compte le Sénégal. Sans oublier les circonscriptions à l’étranger. Pour l’ex-Première ministre sénégalaise, « ceci nous donne incontestablement une majorité à l’Assemblée nationale ». Reste à déterminer si cette majorité sera relative — dans ce cas, des alliances seront nécessaires, mais pas forcément faciles à créer — ou absolue.
Du côté de l’opposition, dont Sonko était le leader naturel, la « majorité préfabriquée » de BBY ne passera pas. Pour Barthélémy Dias, de la coalition Yewwi askan wi, l’annonce de la victoire de la coalition présidentielle n’est qu’un « vulgaire mensonge ». Selon lui, « la cohabitation est inévitable. Vous avez perdu cette élection au niveau national. Nous ne l’accepterons pas. Cette forfaiture ne passera pas ».
Une cohabitation possible ?
Cette guerre de déclarations laisse présager le pire : les résultats officiels feront forcément un déçu. Mais qui sera le véritable perdant de ces législatives ? Sonko n’avait pas grand-chose à perdre. L’opposant attend surtout la prochaine présidentielle, après son succès lors des municipales. Il se félicitera forcément des résultats du scrutin, après l’imbroglio qui a entouré les annulations des listes de l’opposition. C’est du côté de Macky Sall que les regards sont aujourd’hui tournés : sans majorité absolue, il lui faudra peut-être se lancer dans une difficile cohabitation.
Or, jusqu’à aujourd’hui, le président se débrouillait sans Premier ministre, après avoir supprimé ce poste. Mais désormais président de l’Union africaine, Sall voulait s’appuyer sur un chef du gouvernement. Il n’avait pas forcément imaginé que celui-ci pouvait être issu de l’opposition.
En cas d’annonce de la victoire de BBY, on imagine que Sonko et ses alliés lanceront une nouvelle série de manifestations. Après les dernières violences qui ont émaillé les dernières manifestations au Sénégal, c’est un nouveau test auquel est confronté le président Sall, à deux ans d’une présidentielle de plus en plus incertaine.