Plus de 200 lieux africains, parmi lesquels plusieurs sont classés au patrimoine mondial de l’Unesco, risquent de disparaître à cause du réchauffement climatique. Explications.
C’est une étude scientifique qui inquiète : selon le Dr. Nicholas Simpson de l’Université du Cap, la côte africaine pourrait être défigurée dans les décennies à venir. La faute au réchauffement climatique et à la hausse du niveau des mers. La côte africaine, écrit le scientifique, « contient des sites patrimoniaux de ‘valeur universelle exceptionnelle’ qui sont confrontés à un risque croissant ». L’université sud-africaine s’est intéressée à 213 sites naturels et à 71 sites du patrimoine culturel africain, dont ils ont évalué la survie face aux inondations et à l’érosion côtière, dues aux émissions de gaz à effet de serre.
Parue dans le journal Nature, l’étude est particulièrement alarmante : 20 % des 56 sites étudiés seraient en effet menacés par un événement extrême de montée du niveau de la mer. Parmi les sites qui pourraient disparaître — ou en tout cas être défigurés — d’ici à 2050, les ruines romaines de Tipasa en Algérie ou encore les sites archéologiques égyptiens du nord du Sinaï sont particulièrement menacés par la montée des eaux.
Mais plusieurs pays sont en réalité concernés par cette éventualité : Cameroun, République du Congo, Djibouti, Sahara occidental, Libye, mais également Mozambique, Madagascar, Mauritanie ou Namibie. Autant de pays potentiellement menacés par les catastrophes climatiques marines à venir. D’autres pays africains, tels que la Côte d’Ivoire, le Cap-Vert, le Soudan et la Tanzanie pourraient être également touchés, si les prévisions les plus extrêmes se réalisent.
Des dirigeants politiques peu enclins à prendre des mesures fortes
Outre des lieux remarquables, connus pour leur attrait touristique, les scientifiques sud-africains affirment que des îles, comme celle de Kunta Kinteh, sur le fleuve Gambie, pourraient être totalement rayées de la carte de l’Afrique. L’île de Kunta Kinteh est pourtant un lieu important de mémoire, car il symbolise la période esclavagiste. Le parc national du Diawling, en Mauritanie, est lui aussi directement menacé par la montée des eaux.
Si l’étude s’attache à étudier les prévisions, force est de constater que certains lieux sont d’ores et déjà touchés par le réchauffement climatique. Comme la citadelle égyptienne de Qaitbay — où se dresse le phare d’Alexandrie —, qui est inondée de façon régulière depuis plus de deux ans. Les aménagements prévus pour limiter les inondations semblent inefficaces.
Selon l’étude sud-africaine, les risques de disparitions des héritages culturels africains sont notamment dus à une absence de politique de prévention efficace. Peu de mesures sont en effet prises pour contrer les risques de montée des eaux. Et lorsque des mesures sont prises, comme en Egypte, elles sont peu efficaces.
Reste cependant une lueur d’espoir : réduire de façon drastique les émissions de gaz à effet de serre ces prochaines années. Cela permettrait de réduire les risques de catastrophes concernant les sites de 25 %.