De faux investisseurs miniers ont piégé un conseiller du président de République démocratique du Congo. Vidiye Tshimanga demande à être associé, de manière indirecte, à la société. En échange, il promet de faciliter l’obtention de permis d’exploitation.
Il s’agit d’un « guet-apens au sommet de l’État congolais », selon Africa Intelligence. Ce jeudi, la diffusion d’une vidéo montrant Vidiye Tshimanga, un conseiller stratégique du président congolais Félix Tshisekedi, fait le buzz. Et pour cause : on y voit l’influent politique se faire piéger par de faux investisseurs qui lui proposent, en substance, un pot-de-vin contre son intervention pour obtenir un accès aux mines du pays.
L’ancien président du Daring Club Motema Pembe, qui se présente comme le président de National dynamique Congo uni et comme conseiller spécial en charge des questions stratégiques auprès du président, a bien tenté de contre-attaquer en assurant qu’il avait, selon le journal suisse Le Temps, voulu piéger ses interlocuteurs, la situation pose question quant à la corruption au plus haut niveau de l’État.
En juin 2021, Félix Tshisekedi avait pris position contre la corruption qui gangrène son pays et lancé une campagne de « nettoyage ». Force est de constater qu’il y a encore de gros chantiers en cours.
« Je prendrai mon pourcentage »
C’est à Londres que Vidiye Tshimanga a été piégé. Il se serait fait, selon Le Temps, payer ses repas et ses courses en taxi « par un homme et une femme qui prétendaient travailler pour un conglomérat basé à Hongkong et s’intéresser aux minéraux congolais ». Une supercherie qui ira bien plus loin…
Car toujours selon le journal helvétique, les « mystérieux investisseurs » ont enregistré le conseiller stratégique à son insu. L’homme leur a proposé de créer une société conjointe, avec les investisseurs, pour pouvoir toucher une partie des futurs bénéfices des opérations minières.
Tshimanga est très clair : « Si nous faisons des affaires ensemble, je prendrai mon… pourcentage de l’investissement et je gagnerai de l’argent », dit-il.
En échange, il promet d’obtenir des licences d’exploitation minière à ses interlocuteurs et de leur faciliter les démarches. Un scandale dont n’avait pas besoin le président congolais, après l’affaire Dan Gertler. D’autant que son conseiller semble dire qu’il a de l’emprise sur le chef de l’Etat : « Si je demande quelque chose, il donne », assure-t-il.
Mais surtout, Vidiye Tshimanga implique Tshisekedi : « Moi, c’est le président… Le président ne fait pas d’affaires », poursuit le conseiller. Ce dernier avoue d’ailleurs ses combines passées, au travers de participations dans les sociétés COBAMIN et Ivanhoe Mines.« Avec Ivanhoe, ils ont 80 %, j’en ai 20. Mes 20% sont divisés en deux, donc vous avez 10 %, c’est COBAMIN — ma société. Les autres 10 %, parce que dans la loi minière, vous avez l’obligation d’avoir une personne congolaise » dans la société.
S’il ne veut « pas être impliqué officiellement », Tshimanga promet cependant de faciliter les activités de ses interlocuteurs. Le conseiller dit connaître le président depuis 2014. Et que sa proximité avec ce dernier est un atout. « Vous avez besoin de personnes puissantes pour protéger votre investissement et être avec vous. Et je ne sais pas s’il y a des personnes plus puissantes que le président », conclut-il.