L’administration Biden promet 2 milliards de dollars d’aides à l’Afrique sur ces dix prochaines années. Une somme ridicule pour un objectif qui semble difficile à atteindre : freiner les offensives chinoise et russe sur le continent.
Ce mardi 9 août, le président américain Joe Biden a indiqué, sur Twitter, que « d’ici 2050, 1 personne sur 4 sur Terre sera africaine. Notre stratégie pour l’Afrique subsaharienne est ancrée dans la reconnaissance que cette vaste région diversifiée est une force géopolitique majeure, qui a façonné notre passé, façonne notre présent et façonnera notre avenir ». Dans son tweet, Biden annonçait le lancement du programme « Global Fragility Act ».
Un programme dans lequel les Etats-Unis injecteront 2 milliards de dollars pendant les dix prochaines années. Ce qui, en termes d’annonce, peut paraître important. Mais sur dix ans, cela ne donne que 200 millions de dollars que les pays devront se partager.
En surface, la stratégie américaine consiste à vouloir imposer la démocratie en Afrique. Ou plutôt sa définition de la démocratie. Les Etats-Unis visent ainsi les « sociétés plus pacifiques, plus inclusives et plus résiliantes dans des endroits où les conditions sont propices aux conflits ». Plusieurs pays, à l’instar du Mozambique, du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Ghana, de la Guinée et du Togo sont concernés.
Economie, démocratie… et géopolitique
Mais étonnamment, les Etats-Unis affirment avoir appris de leurs erreurs passées. L’administration Biden s’appuie en effet sur « des décennies de leçons apprises en matière de prévention des conflits, comme le fait de cultiver de bonnes relations entre les dirigeants communautaires, les responsables gouvernementaux et les forces de sécurité, qui sont essentielles pour désamorcer les tensions avant qu’elles ne dégénèrent en violence, et de renforcer la résilience face aux effets déstabilisants du changement climatique, comme des sécheresses plus fréquentes et plus graves ».
Plus concrètement, ces fonds serviront à renforcer les liens commerciaux entre Washington et les pays africains concernés. Mais un autre objectif interpelle rapidement : les Etats-Unis assurent en effet vouloir « sensibiliser » les dirigeants africains sur « les risques que représentent pour eux la République populaire de Chine et la Russie ».
Un véritable entreprise de propagande après que la Chine est devenue le premier partenaire économique de l’Afrique. Entre les Etats-Unis et le continent, les échanges commerciaux n’ont cessé de baisser ces dernières années et il faut, désormais, pour l’administration Biden, rattraper son retard. Mais ce n’est pas avec 200 millions de dollars annuels que cela pourra changer.
L’on comprend seulement pourquoi les Etats-Unis visent de tels pays, confrontés notamment à l’insécurité. Il s’agit d’imposer l’influence américaine pour contrecarrer les velléités de Moscou, déjà bien implanté au Mali notamment. Mais si Washington ne met pas les moyens, il sera difficile d’atteindre ses objectifs.