Ce dimanche a débuté la Coupe du monde 2022 au Qatar. Au-delà de l’engouement des supporters des cinq équipes africaines qualifiées sur le continent, ils seront peu à se rendre dans l’émirat. Pour plusieurs raisons, expliquent Ahmed Arbib et Mathieu Youbi…
Mexicains, Français ou Argentins se sont précipités à Doha, pour le lancement de la Coupe du monde. Un véritable événement planétaire. Mais lors de leurs matches, le Sénégal — qui s’est incliné par deux buts à zéro contre les Pays-Bas —, le Cameroun, le Ghana, la Tunisie et le Maroc auront du mal à compter sur le 12e homme qui leur fait habituellement faire des miracles : le public. La faute à plusieurs facteurs… À commencer par le fait que le Qatar ne soit pas une terre de football.
Ahmed Arbib : « Viser un nouveau public »
« Cette Coupe du monde est l’occasion pour le Qatar de promouvoir l’émirat à travers le monde et de se tourner vers de nouveaux marchés, résume Ahmed Arbib, fondateur de la société 2A Entertainment, spécialiste du secteur du ticketing et de l’anticipation de la gestion de flux. Deux mois avant l’événement, de riches princes du Golfe, des hommes d’affaires d’Europe de l’Est, d’Inde ou plus globalement d’Asie avaient déjà réservé des loges », explique-t-il.
Si les supporters des sélections qualifiées ne se rendent pas sur place, cela ne chagrinera pas le Qatar, qui sait que ses stades seront, au pire, remplis par des spectateurs déjà présents sur place. « La proximité des stades permettra aux fans de vivre deux à trois matches par jour, le Qatar n’a donc pas besoin d’attirer autant de spectateurs que la Russie en 2018 ou le Brésil en 2014 », poursuit Ahmed Arbib qui rappelle que l’enjeu, pour savoir si la Coupe du monde sera ou non un succès d’organisation, se situe en deuxième semaine de compétition.
Autre facteur de taille : la crise économique qui secoue l’Afrique. Les gouvernants africains ont l’habitude, lors des compétitions, de subventionner des supporters. Lors de la CAN en Égypte, les supporters algériens pouvaient assister gratuitement à des matches sur simple présentation de leur passeport grâce à un accord passé par la Fédération algérienne de football. Alger avait affrété des avions, civils et militaires, pour faire venir près de 5 000 supporters et soutenir les Fennecs. Aller au Qatar coûte un peu plus cher, en termes de transport et de logement.
Mathieu Youbi : « L’intérêt des supporters n’est pas aussi élevé »
« En raison des mauvaises conditions économiques et du prix du voyage, pour cette édition au Qatar, l’intérêt des supporters n’est pas aussi élevé », indique Mathieu Youbi, homme d’affaires camerounais qui organise des voyages de supporters lors des Coupes du monde, au média DW. Les gouvernements, notamment celui du Ghana, financent cependant les voyages de quelques centaines de supporters triés sur le volet. De leur côté, le Sénégal et la Fédération sénégalaise de football ont payé le séjour de 327 personnes au Qatar, pour la Coupe du monde.
Enfin, les conditions d’hébergement au Qatar ne sont pas optimales. 220 milliards de dollars ont été investis dans les infrastructures. Mais ce n’est pas pour autant que tous les supporters sont logés au Qatar. Des navettes ont été mises en place pour relier Doha aux autres grandes villes du Moyen-Orient. « Le Qatar, c’est le luxe, pas le football, déplore un supporter sénégalais qui s’était rendu en Russie. Dans la situation économique et sociale actuelle, je regarderai les Lions de la Teranga à la télévision ».