L’Assemblée Générale des Nations Unies a voté, ce vendredi 11 juin, ses nouveaux membres non-permanents. A la place du Niger et de la Tunisie, le Ghana et le Gabon représenteront l’Afrique.
L’Assemblée de l’ONU a voté ce vendredi pour accepter cinq nouveaux membres au Conseil de sécurité. En plus de l’Albanie, le Brésil et les Emirats arabes unis, le Ghana et le Gabon seront représentés au sein de l’instance.
Le Ghana a reçu un vote unanime des 185 voix des membres appelés à voter. Le Gabon, lui, a obtenu 183 votes. Les deux pays africains auront toutefois obtenu plus de voix que les autres nouveaux membres. Le président en exercice de l’Assemblée générale des Nations Unies, Volkan Bozkir, a déclaré que les nouveaux membres siègeront au Conseil de sécurité. Et ce, à partir du 1e janvier 2022 jusqu’au 31 décembre 2023.
Toutefois, malgré la différence des votes entre les cinq pays, aucun n’a rencontré d’opposition au sein de l’Assemblée. Les occupants actuels du Groupe Afrique au sein du Conseil de sécurité, le Niger et la Tunisie, n’ont que peu profité de leur mandat. Idem pour le Kenya, qui a été élu face à Djibouti pour l’année 2022. En 2023, ce sera le Groupe Asie-Pacifique qui choisira le cinquième membre non-permanent au Conseil de sécurité.
🇦🇱l’Albanie
🇧🇷le Brésil
🇬🇦le Gabon
🇬🇭le Ghana
🇦🇪les Émirats arabes unisont été élus, vendredi, en tant que membres non permanents du Conseil de sécurité de l'ONU.
Ces pays siègeront à partir du 1er janvier 2022 pour un mandat de deux ans. https://t.co/tBHJSwA6FJ pic.twitter.com/ATd07mbkwU
— Nations Unies (ONU) (@ONU_fr) June 11, 2021
Le Conseil de sécurité de l’ONU, les dessous du discours
Ainsi donc, durant l’année 2022, l’Afrique aura une représentation de trois membres au total parmi les 15 membres du Conseil de sécurité. Bien que les résolutions de l’organe de l’ONU soient rarement appliquées. Elles portent un symbolisme indéniable sur le plan géopolitique. Il n’est pas non plus rare que les pourparlers entre les puissances mondiales aient lieu à New York. Le Conseil de sécurité est installé, en effet, au siège de l’ONU.
D’abord, pour les différentes délégations, l’appartenance au Conseil de sécurité permet un « backchannelling » efficace autour des crises sécuritaires. Donc pour peu que les membres permanents du conseil ne s’opposent pas à une résolution, il est virtuellement possible d’affecter l’essor des conflits entre les Etats. Et pas que.
Les gouvernements des puissances mondiales paient des milliards pour les firmes spécialisées en lobbying politique. Pour la plupart, ces dernières agissent dans les halls du siège des Nations unies. Par exemple, la reconnaissance des Etats par l’organe principal se négocie officieusement au Conseil de sécurité. Pour cela, les représentants des Etats au sein de l’Assemblée Générale de l’ONU sont souvent en contact avec les ministres des Affaires Etrangères et des éventuels membres du Conseil de sécurité. Aussi, des enjeux diplomatiques majeurs se négocient dans les bars et les restaurants au bord de l’East River.
C’est donc un environnement chargé d’intrigue, et qui porte une grande signification et beaucoup de prestige. Ainsi que l’occasion pour les représentants des Etats africains de s’entretenir d’égal à égal avec leurs homologues du monde entier. Et, pour certains, de préparer leur transition de la diplomatie à la politique nationale. En effet, plusieurs chefs d’Etats ont siégé au Conseil de sécurité ou comme ambassadeurs auprès de l’ONU.
As the UN General Assembly votes on five new rotating members of the UN Security Council, it's too bad it can vote off the permanent members that abuse their veto to block progress from Syria to Myanmar to Israel. https://t.co/GuyySMeCLk pic.twitter.com/dzEbtd3CHt
— Kenneth Roth (@KenRoth) June 12, 2021
Les enjeux pour le Ghana et le Gabon
Plus concrètement, le contexte sécuritaire dans lequel se trouve un pays au moment de son accès au Conseil de sécurité joue un grand rôle. Dans le cas du Niger, par exemple, l’entrée au sein du CSNU est intervenue en pleine offensive terroriste dans l’Ouest nigérien. Et bien que l’insécurité sévisse encore sur le territoire nigérien, un soutien humanitaire non négligeable a été mobilisé en faveur du Niger. Cela va de soi, donc, que le Ghana et le Gabon essayent d’assurer un large soutien international lors de leur mandat. L’objet dépendra des priorités des Etats. Sans négliger, évidemment, la représentation de l’Afrique.
Pour le Ghana, la crise la plus urgente restera le terrorisme présent dans les pays de la région sahélienne. Surtout au Mali, au Burkina Faso, au Nigéria et au Niger, des pays dont la relation avec le Ghana est très amicale. Quant au Gabon, plus confronté à une crise humanitaire, il essayera sans doute de représenter en priorité les intérêts des pays de l’Afrique Centrale. En effet, la RDC, qui s’est battue pour le siège avec le Gabon, souffre d’un conflit dans l’Est et d’une crise migratoire au Sud. La République centrafricaine et le Cameroun au Nord-Est sombrent dans la guerre civile. Et bien que la situation s’améliore nettement en RCA, le conflit camerounais se détériore au fil des mois.
Globalement, il s’agit surtout d’une opportunité pour les deux pays d’imposer leur présence dans les instances internationales. Nana Akufo-Addo ne cesse de multiplier les visites diplomatiques. Serait-ce aussi le cas d’Ali Bongo dans le futur ? Surtout, avec les séquelles de son AVC ? En tout cas, dès que les ambassadeurs des deux pays rejoindront New-York pour le début de leur mandat, les choses vont s’accélérer pour les deux chefs d’Etats.
Ali Bongo était à l’investiture du nouveau président du Ghana Nana Addo Dankwa Akufo-Addo – https://t.co/O0vOk1ahKG pic.twitter.com/nG5zacEuaK
— Dworaczek-Bendome (@DworaczekBendom) January 8, 2017