Ce mercredi, l’ex-président tunisien, Moncef Marzouki, a écopé d’une condamnation de quatre ans de prison après avoir appelé la France à retirer son soutien au président Kaïs Saïed.
Les faits remontent au mois d’octobre dernier. A Paris, lors d’une manifestation, l’ancien président tunisien Moncef Marzouki, qui a exercé ses fonctions entre décembre 2011 et décembre 2014, avait appelé le gouvernement français à « rejeter tout soutien » de Kaïs Saïed, après sa prise des pleins pouvoirs du 25 juillet dernier. L’ex-chef de l’Etat reprochait au président actuel d’avoir « comploté contre la révolution et aboli la Constitution ». Kaïs Saïed a en effet suspendu la Constitution, mais également le Parlement.
Quelques jours après ces propos, Kaïs Saïed avait demandé à la justice tunisienne l’ouverture d’une enquête, jugeant que Moncef Marzouki était un des « ennemis de la Tunisie ». Un mandat d’amener international avait alors été émis contre l’ex-président de la République, début novembre.
La justice a rapidement statué sur le sort de l’ancien président. Ce mercredi, Moncef Marzouki a été condamné à quatre ans de prison. Il est reconnu coupable, par contumace, d’« atteinte à la sécurité extérieure de l’Etat ». Opposant au régime Ben Ali dans les années 1990, Moncef Marzouki a déjà écopé de plusieurs peines de prison avant 2011. Il s’était exilé en Europe.
Marzouki : « Cela ne s’est jamais vu même dans les pires dictatures »
En décembre 2011, après avoir été nommé président par l’Assemblée constituante, Moncef Marzouki avait été critiqué pour sa participation à la troïka – le gouvernement formé par trois partis majoritaires de l’assemblée constituante –, notamment aux côtés du parti islamiste Ennahdha. En 2014, candidat à la présidentielle, il avait participé au second tour contre Béji Caïd Essebsi mais avait dû s’incliner.
Lors de la manifestation d’octobre à Paris, Moncef Marzouki s’était félicité du report du sommet de la Francophonie prévu en novembre en Tunisie. Depuis juillet, l’ex-président estime que Kaïs Saïed est un « putschiste » qui conduit la Tunisie vers la dictature.
Concernant sa condamnation, Marzouki affirme qu’il n’a jamais été convoqué par aucun tribunal. « Aucun avocat n’a assisté à cette condamnation, un certain nombre de juges se sont mis en catimini et voilà, ils ont décidé que je devais être condamné à quatre années de prison », déplore l’ancien président tunisien. « Cela ne s’est jamais vu même dans les pires dictatures. C’est probablement le président lui-même qui a prononcé la condamnation », conclut-il.