Bob Marley, adepte du rastafari, a fait de l’Ethiopie sa patrie spirituelle. La star du reggae n’a pourtant effectué sa toute première visite dans ce pays que trois ans avant sa mort.
En 2005, le monde rastafari s’apprête à célébrer une nouvelle fois la mort de Bob Marley. Décédé à l’âge de 36 ans seulement, le chanteur reggae aurait dû avoir cette année-là 60 ans. Alors que l’Ethiopie va organiser, pour la première fois, des concerts en hommage à la star du reggae, sa femme, Rita, lance une bombe : « Toute la vie de Bob concerne l’Afrique, et pas seulement la Jamaïque. Comment peut-on laisser tomber un continent pour une île ? Il a le droit de reposer où il a toujours rêvé d’être enterré. Avec son soixantième anniversaire, c’est le moment de le faire ».
Enterré dans son village natal de Nine Miles, en Jamaïque, le corps de Bob Marley pourrait donc être exhumé pour s’envoler vers Shashemene, une localité située à proximité d’Addis-Abeba, la capitale éthiopienne. Une simple annonce car, quinze ans plus tard, les rastas de la patrie spirituelle de Bob Marley attendent toujours la dépouille de leur idole…
Un mystérieux séjour à Shashemene
Entre Marley et l’Ethiopie, c’est une véritable histoire d’amour autant que de haine qui se raconte au fil des années. Tout débute lorsque l’artiste se cherche spirituellement. Des églises orthodoxes éthiopiennes ont fleuri en Jamaïque. Le 21 avril 1966, l’empereur d’Ethiopie Haïlé Sélassié se rend en Jamaïque. Bob Marley devient se tourne à cette époque vers le ras Tafari Makonnen.
Il faudra attendre 1978 pour que Bob Marley se rende en Ethiopie. Aucun concert de prévu pour l’occasion, l’artiste s’y rend simplement quatre jours, au sein d’une communauté rasta, à Shashemene. Peu de personnes sauront ce qu’a fait Bob Marley pendant son séjour sur place. Seule certitude, il aura retrouvé Allan « Skill » Cole, son ancien manager. Une photo inédite — qui n’en dira pas plus sur cet épisode — sortira près de trente ans plus tard.
Son baptême, point d’orgue d’une vie
Ce n’est qu’en 1980 que Marley fera son premier concert en Afrique. Du côté de l’Ethiopie, les relations avec les rastafaris, dont Bob Marley se fait le « prophète », sont délicates. L’Église Kalehiwet éthiopienne accuse, aujourd’hui encore, la génération Bob Marley de « promouvoir l’immoralité sexuelle » et « d’encourager l’abus de drogues ». Les religieux sont furieux : en 2005, lors de la commémoration, ils disent : « Ne venez pas ici pour nous dire que notre ancien empereur est Dieu, et n’appelez pas notre nation Sion ».
En novembre 1980, quelques mois seulement avant sa mort, Bob Marley est aux Etats-Unis. Comme un ultime symbole, il se fait baptiser à l’Eglise orthodoxe éthiopienne de New York. Il prendra le nom de Berthane Sélassié. Mais dans le cœur des ses fans, en Jamaïque comme en Ethiopie, il restera la légende Bob Marley.