Selon les règles en vigueur au Gabon, seule une personne sera autorisée à se présenter à l’élection présidentielle de l’année prochaine dans le cadre de la transition : il s’agit du chef de l’Etat, le général Oligui Nguema. Cependant, tout le monde n’est pas d’accord avec cette clause de la Charte de la transition et du Dialogue national, qui exclut de fait tous les autres acteurs de la transition. François Ndong Obiang, premier vice-président de l’Assemblée nationale, s’est exprimé en ligne depuis Libreville afin de répondre aux questions de Christophe Boisbouvier. Il a d’abord abordé le projet constitutionnel qui vise à supprimer le poste de Premier ministre.
Selon le projet de Constitution, si celui-ci est adopté, le président et son gouvernement ne seront plus soumis au contrôle du Parlement dans l’exercice de leurs fonctions quotidiennes au Gabon. Est-ce que cela ne vous préoccupe pas ?
Selon François Ndong Obiang, le texte sera probablement modifié alors que les discussions progressent au Parlement et avec la Constituante. Le référendum ultérieur déterminera finalement l’avis des Gabonais sur la question.
Est-ce que vous voulez dire que, lors des modifications à venir, il pourrait y avoir une réintroduction du poste de Premier ministre ?
Il y aura certainement des discussions à ce sujet. Certains sont en faveur du maintien d’un Premier ministre pour que le président dispose d’un bouclier et ne soit pas exposé aux critiques liées à la gestion quotidienne de l’État. D’autres pensent qu’il est possible de passer directement à un régime présidentiel où le président assumerait le rôle du gouvernement, ce qui signifierait qu’il n’y aurait plus besoin de bouclier. On dit que depuis la mise en place de cette fonction, le Premier ministre n’a pratiquement pas exercé son pouvoir. Mais ces discussions seront menées dans différentes instances afin de déterminer si l’on doit donner au Premier ministre toute la liberté nécessaire pour mettre en œuvre la politique gouvernementale et s’il faut lui accorder tout le respect qui lui est dû pour qu’il puisse avoir un impact significatif sur celle-ci. Cependant, si certains ministres se tournent exclusivement vers le chef de l’État et adoptent des comportements qui dépassent leurs missions, on peut alors se demander quel est l’utilité du Premier ministre.
Selon les conclusions du Dialogue national, les personnes impliquées dans la transition en cours ne pourront pas se présenter comme candidats à l’élection présidentielle de l’année prochaine. Quelle est votre opinion à ce sujet ?
Quant à moi, je pense qu’il est trop tôt aujourd’hui pour exclure ou éliminer certains candidats. Est-ce que cela devrait être inscrit dans la Constitution ? Je ne sais pas. Mais je crois qu’un acteur de la transition qui aspire à une position présidentielle doit avoir la légitimité de son action. Je ne vois pas pourquoi on l’exclurait. Cependant, nous devons en discuter avec notre entourage pour nous assurer que les élections se déroulent dans un climat d’apaisement et que tout le monde ait une chance égale de concourir.
En outre, lors des mêmes discussions, le Dialogue National a également décidé de maintenir la disposition exceptionnelle de la Charte de Transition qui permet au général Oligui Nguema de se présenter à l’élection présidentielle. Êtes-vous en faveur de cette mesure ?
Bien qu’Oligui Nguema ait exprimé son intérêt pour la candidature à la présidence, il est important de ne pas spéculer trop tôt au Gabon. Il n’a pas encore officiellement annoncé sa candidature. Cependant, si cela devait être le cas, il est probable que d’autres acteurs de la transition pourraient également se présenter afin de garantir une élection pacifique et inclusive à la fin de cette période de transition. Il est crucial que nous sortions de cette période avec une élection juste et représentative pour tous les citoyens du Gabon.
Est-ce qu’il n’y a aucune restriction ou exclusion dans l’utilisation de l’application ?
Il n’y a aucune exclusion, ça y est, absolument tout le monde peut y accéder.
Alors qu’un référendum est prévu à la fin de l’année et une élection présidentielle l’année prochaine, l’Assemblée nationale a récemment adopté un code électoral qui donne au ministre de l’Intérieur la responsabilité de ces scrutins. Cependant, 13 députés ont voté contre cette décision, craignant qu’elle ne favorise le parti au pouvoir.
Je ne suis absolument pas préoccupé par cette situation. Le gouvernement en place a clairement indiqué, à travers les propos du ministre de l’Intérieur, que leur volonté d’accélérer le processus électoral se limitait au référendum. J’ai confiance que les autorités n’ont pas l’intention de tricher et je refuse de croire le contraire.
Cependant, le fait que 13 de vos collègues aient voté contre indique une certaine inquiétude au sein de votre Assemblée, n’est-ce pas ?
Bien qu’il y ait des préoccupations de la part de 13 députés, la loi adoptée nous permettra d’organiser un référendum, après quoi le calendrier pour la transition reprendra son cours normal. Selon ce calendrier, après l’adoption de la Constitution lors du référendum, nous procéderons au vote sur les lois électorales et sur les partis politiques. Ce calendrier a été fixé et jusqu’à présent, le président Oligui s’y conforme scrupuleusement.
Alors le nouveau code électoral qui a été adopté pourra être modifié en début d’année prochaine avant l’élection présidentielle ?
C’est tout à fait vrai. Il est inutile de discuter du code électoral si l’on n’envisage pas sérieusement une façon d’organiser des élections pacifiques. Même si les militaires au pouvoir semblent favorables à des élections, je ne pense pas qu’ils veuillent des élections chaotiques et violentes. Après la transition, nous souhaitons tous que les prochaines élections soient légitimes. Un nouveau code électoral sera élaboré après un référendum et une nouvelle loi sur les partis politiques fixera de nouvelles conditions.