Les présidents du Gabon et du Togo seront présents demain en Tunisie à l’occasion du Sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie, quelques mois après avoir exprimé leur volonté de rejoindre le Commonwealth.
Après moultes péripéties, le 18e Sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) va enfin débuter à Djerba, en Tunisie, le 19 novembre. De nombreux invités africains de marque feront le déplacement, parmi lesquels le président de l’Union africaine et du Sénégal Macky Sall, le Centrafricain Faustin-Archange Touadéra, le Comorien Azali Assoumani ou encore les présidents de Madagascar et du Niger, Andry Rajoelina et Mohamed Bazoum. À l’heure où la France perd de plus en plus de terrain en Afrique, cette rencontre revêt une importance capitale.
Deux autres présidents sont également très attendus : Ali Bongo Ondimba et Faure Gnassingbé. Le Gabonais et le Togolais ont, ces derniers mois, fait les yeux doux au Royaume-Uni pour intégrer le Commonwealth. De quoi éloigner les deux ex-colonies françaises de Paris. Leur présence est donc symbolique.
Un bouleversement politique majeur
Car les adhésions programmées du Gabon et du Togo au Commonwealth ont fait couler beaucoup d’encre. En avril dernier, le chef de l’État gabonais avait d’ailleurs dû faire une mise au point concernant sa démarche : « C’est un tournant géopolitique majeur pour notre pays qui désire, dans un monde globalisé, s’ouvrir et adhérer à un autre espace multiculturel également porteur pour notre pays », affirmait-il avant de préciser que « le Gabon n’abandonnera pas son ‘identité francophone’ ».
Cependant, le français risque d’être de plus en plus délaissé dans ces deux pays. Bongo a déjà prévenu, il y a bien longtemps, qu’il voulait faire de l’anglais la langue de l’enseignement. Au-delà des langues, les adhésions du Gabon et du Togo au Commonwealth sont un véritable « bouleversement géopolitique majeur qui s’opère dans l’espace francophone », assure l’ancien ministre gabonais Jonathan Ndoutoume Ngom au site DW.
En effet, assure-t-il, « une certaine inimitié s’est installée entre la France et certaines de ses anciennes colonies. Nous le voyons avec la Centrafrique et le Mali. C’est un message sérieux, un message d’avertissement qui est adressé à Paris. D’autres pays ont le regard tourné vers le Commonwealth. La France devrait réorienter sa politique africaine ».
D’autant qu’avant ces deux pays, une autre ancienne colonie francophone — la Belgique avait arraché le pays à l’Allemagne —, le Rwanda, avait rallié le Commonwealth en 2009. De quoi donner des idées à d’autres États africains francophones, qui ne seraient pas contre pénétrer un marché estimé à plus de deux milliards de consommateurs.
Deux démarches complémentaires ?
Ce 18e sommet de l’OIF est donc très important. Alors que l’anglais reste indéniablement la langue des affaires, la Francophonie doit continuer à attirer, alors que l’espace anglophone paraît beaucoup plus dynamique sur le plan économique que l’espace francophone.
Et le désintérêt croissant de certains pays pour la Francophonie inquiète au plus haut point. En juin 2021, la patronne de l’OIF, la Rwandaise Louise Mushikiwabo, s’était rendue à Libreville pour y rencontrer Ali Bongo. Elle n’avait pas exprimé publiquement son inquiétude quant à la demande gabonaise d’adhésion au Commonwealth. Mais le sujet avait été posé sur la table et Bongo avait, sur les réseaux sociaux, assuré que « le Gabon entend conjuguer sa pleine et entière appartenance à la grande famille de la francophonie » malgré sa demande d’adhésion au Commonwealth, précisant que « ces deux initiatives ne s’opposent nullement ».