La libération des soldats ivoiriens a relancé les relations entre Abidjan et Bamako. Alassane Ouattara indique qu’il va « reprendre des relations normales » avec le Mali.
Le dénouement est heureux, après une feuilleton qui comportait de nombreux épisodes. Après avoir arrêté 46 soldats ivoiriens, accusés d’être des mercenaires, en juillet dernier, Bamako s’était mis Abidjan à dos. La libération des femmes n’avait pas calmé Alassane Ouattara, qui avait envoyé une délégation sur place et le Togo avait décidé de jouer les médiateurs dans cette affaire sensible. En décembre a débuté un procès expéditif, et les soldats avaient alors écopé de lourdes peines. Toute l’Afrique s’attendait à une grâce présidentielle, alors que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) avait fixé un ultimatum en demandant la libération des soldats ivoiriens avant le début de l’année 2023.
Avec un peu de retard, Assimi Goïta a tenu sa promesse. Tous les soldats ont été relâchés après l’intervention du président de la Transition. « La diplomatie a payé », a indiqué le président ivoirien Alassane Ouattara. Mais la victoire est bel et bien malienne : Bamako a laissé la justice faire son travail avant de daigner faire un geste en direction de la Côte d’Ivoire. Tout a été rondement mené du côté du Mali, qui ne pouvait pas mieux sortir de la crise. D’autant que, désormais, Abidjan a une dette envers Bamako.
La victoire malienne
« Maintenant que cette crise est derrière nous, nous pourrons reprendre des relations normales avec le pays frère qu’est le Mali, qui a besoin de nous et dont nous avons besoin également », a simplement indiqué le président ivoirien. La Cedeao est, elle aussi, obligée d’avouer que la junte militaire malienne a coopéré. Enfin, le Togo est également l’un des grands gagnants de cette sortie de crise heureuse, lui qui a œuvré en coulisse pour ouvrir le dialogue entre Goïta et Ouattara.
La grâce présidentielle accordée par le chef de l’État malien fait d’ailleurs oublier les raisons de la brouille. Car l’été dernier, les autorités de Bamako avait estimé que les soldats arrêtés étaient présents sur son sol « sans autorisation ni ordre de mission ». La Côte d’Ivoire assurait, elle, qu’il s’agissait d’éléments nationaux de soutien (NSE) de la Minusma.
Abidjan avait finalement affirmé qu’il y avait eu des « manquements » et des « dysfonctionnements administratifs » de sa part. Autant dire que le Mali était donc dans son droit en laissant la justice faire son travail.