En voyage de trois jours en Algérie, Emmanuel Macron ne devrait pas aborder les quotas de visas, la Guerre d’Algérie ni même le Sahara occidental. Quels sujets compte aborder le président français avec Abdelmadjid Tebboune ?
Ceux qui s’attendaient à des déclarations fortes du président français Emmanuel Macron lors de son voyage en Algérie, sur les quotas de visas ou sur les questions mémorielles, risquent d’être déçus. En effet, le chef de l’Etat français semble s’être taillé un programme sur mesure pour éviter les questions qui fâchent lors de sa visite « officielle et d’amitié » — et non d’Etat — du 25 au 27 août en Algérie, une puissance en position de force alors que la crise énergétique mondiale est latente.
Certes, l’Elysée annonce un voyage « tourné vers l’avenir tout en continuant l’apaisement des mémoires ». Mais après les propos du président de la République française, lors d’un dîner le 30 septembre 2021, lors duquel Emmanuel Macron avait déclaré que l’Algérie s’était construite sur « une rente mémorielle » entretenue par « le système politico-militaire », et que l’« histoire officielle » avait été « totalement réécrite », le chef de l’Etat semble ne plus vouloir s’aventurer sur ce terrain.
Des visites symboliques
Pour éviter cet écueil, Emmanuel Macron devrait donc balayer très rapidement, lors d’un dîner avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune ce jeudi soir, la question mémorielle. Ainsi que celle des visas. La politique devrait également n’être qu’un sujet de discussions minime, Macron ayant décidé de se focaliser sur « le jeune entreprenariat et la société civile », selon des sources proches du pouvoir français.
D’ores et déjà, on sait qu’au terme de ce voyage, aucune signature de contrat dans les domaines de l’économie ou de l’armement ne sera annoncée. Les quotas concernant les visas ne devraient également pas être abordés avec la presse. Enfin, pas question non plus pour Emmanuel Macron de se prononcer sur le Sahara occidental et sur le Maroc.
Mais alors, que fera donc Emmanuel Macron en Algérie ? Son voyage à Oran du 27 août reflète sa mini-tournée algérienne. En effet, le président français a prévu de visiter Boualem Disco Maghreb, après le succès du titre de DJ Snake, et de rencontrer des danseurs de break-dance.
Tout au long de son séjour, Emmanuel Macron rencontrera des membres de la société civile, des sportifs, des artistes et de jeunes entrepreneurs algériens. Avec sa délégation, notamment composée du recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-Eddine Hafiz — Haïm Korsia, le Grand rabbin de France, est finalement forfait pour cause de Covid-19 —, il effectuera plusieurs visites symboliques, comme à la Grande mosquée d’Alger.
Eviter les sujets qui fâchent
Des symboles — il s’agit de la première visite d’une mosquée algérienne par une président français —, donc, et rien de plus. « Le président de la République a fait le choix d’orienter cette visite vers l’avenir : les startups, l’innovation, la jeunesse, des secteurs nouveaux et pas seulement ceux qu’on évoque régulièrement », résume l’Elysée. Macron ne peut donc pas se tromper.
Sauf qu’il lui faudra, à un moment ou à un autre, « poursuivre le travail d’apaisement accompli sur le plan mémoriel », même si « ce n’est pas l’objectif premier de cette visite » poursuit l’Elysée. Suite à ses bourdes concernant le dossier mémoriel, Macron marche sur des œufs. « Le président de la République a exprimé ses regrets en septembre et depuis, les contacts et échanges avec les autorités algériennes se sont poursuivis, intensifiés et ont abouti à l’invitation du président de la République par le président algérien », affirme l’Elysée. Il est certain que le président français, accompagné également de l’historien Benjamin Stora, restera très neutre sur le sujet.