Alors que Mohamed Bazoum est très proche de Paris, le Niger vient d’annoncer vouloir poursuivre son partenariat militaire avec la Russie.
Le partenariat avec Moscou est si « bénéfique » qu’il mérite d’être poursuivi. Voilà, en résumé, la position du pouvoir nigérien concernant une coopération militaire avec la Russie. Mardi dernier, le ministre nigérien de la Défense nationale, Alkassoum Indatou, a reçu l’ambassadeur de Russie au Niger, Igor Gromyko, et le chef de la mission militaire russe au Niger.
Le ministère nigérien de la Défense nationale a indiqué, dans la foulée de la rencontre, que « cette coopération bénéfique pour notre pays se poursuivra » dans le futur. Le Niger et la Russie travaillent sur plusieurs volets, parmi lesquels la formation — plus d’une centaine d’officiers nigériens ont bénéficié d’une formation en Russie — et d’armements, puisque « plusieurs aéronefs utilisés par l’armée de l’air nigérienne dans le cadre de la lutte contre le terrorisme sont également de fabrication russe », précise le ministère.
Une sortie qui pourrait inquiéter Paris. La France regarde d’un mauvais œil les coopérations militaires entre les pays africains et la Russie. Outre le Mali, avec qui les relations sont houleuses notamment à cause du rapprochement entre Moscou et Bamako, Emmanuel Macron a mis en garde certains de ses partenaires comme Madagascar.
En mars dernier, Niamey avait répondu aux attentes de l’Occident en condamnant l’invasion russe en Ukraine. « Le Niger, indiquait l’ambassadeur du Niger à l’ONU Abdou Abarry, réaffirme sa ferme condamnation de l’utilisation de la force pour régler les différends entre États ». Le diplomate précisait alors que « l’intervention militaire de la Russie en Ukraine constitue donc un acte que mon pays condamne ».
Un partenariat indispensable ?
Mohamed Bazoum, ces derniers mois, s’était érigé en porte-parole d’Emmanuel Macron. Il avait notamment condamné les coups d’État par des militaires et avait proposé d’accueillir les militaires français de l’opération Barkhane, boutés hors du Mali.
Reste désormais à savoir si Niamey va aller jusqu’à un point de non-retour — celui de faire appel à la société paramilitaire Wagner — dans sa lutte contre le terrorisme. La présence de mercenaires russes au Mali et en République de Centrafrique irrite particulièrement la France.
Les partenariats avec d’autres puissances étrangères pourraient également être remis en cause : ces derniers jours, le Royaume-Uni a annoncé le retrait de ses troupes du Mali, alors que la Grande-Bretagne était toujours engagée sur place. Côté africain, la Côte d’Ivoire va également arrêter sa coopération militaire avec le Mali, en 2023.
Les populations nigériennes semblent en tout cas prêtes à en découdre avec la France. En septembre, plusieurs centaines de personnes ont manifesté dans les rues de Niamey pour protester contre la force française Barkhane.
Le mouvement M62, qui regroupe plusieurs organisations de la société civile, est né en août dernier. Il milite pour la « sauvegarde de souveraineté et la dignité du peuple ». Balloté, le président Bazoum tentera-t-il de se libérer du joug français ? Depuis leur retrait du Mali, 3 000 militaires français sont déployés dans le Sahel, surtout au Niger. Mais la lutte contre le terrorisme n’avance pas. Et l’aide russe semble être désormais plus qu’une simple option.