La Commission électorale nigériane a utilisé un système électronique pour compiler les résultats électoraux lors de la dernière présidentielle. Un système qui a connu quelques couacs.
En décembre dernier, l’annonce était faite en grande pompe : l’Inec, la Commission électorale nigériane, avait lancé la distribution à ses antennes régionales des systèmes d’accréditation bimodaux des électeurs (BVAS). Des machines censées, selon les responsables de l’institution, provoquer « un changement dans l’évolution du système électoral nigérian ». La révolution était en marche, elle n’aura finalement pas eu lieu. Pire, les machines BVAS ont été à l’origine de vives tensions de la part de l’opposition, alors qu’elles devaient permettre, selon l’Inec, d’« organiser les élections générales de 2023 sans accroc ».
Pourtant, alors que rien n’obligeait l’Inec à lancer un système électronique, la Commission électorale a voulu innover. Les objectifs des machines BVAS sont capturer les résultats des bureaux de vote et de les transmettre à l’Inec, grâce à un portail de visualisation des résultats électoraux baptisé IReV. Ces deux innovations technologiques devaient permettre d’« améliorer la transparence des résultats électoraux et renforcer la confiance du public dans les résultats électoraux », précisait l’Inec, qui ajoutait que les deux systèmes devaient permettre d’éviter la falsification des votes ou du nombre d’électeurs accrédités.
Accusations de fraudes
« En 2023, les Nigérians veulent se rendre aux urnes avec l’assurance que la BVAS et l’IReV protégeront leur vote », écrivait, en fin d’année dernière, Samson Itodo, de l’International Institute for Democracy and Electoral Assistance. Le président de l’Inec, Mahmood Yakubu, promettait alors un énorme succès technologique et indiquait : « Le système BVAS pour la conduite des élections est parti pour rester. Il n’y a pas de retour en arrière possible ». Le dirigeant de l’instance n’imaginait pas que, quelques semaines plus tard, il allait devoir indiquer que huit machines du système BVAS avaient été volées. Mais également que le système allait avoir des problèmes pour publier rapidement les résultats.
Si bien que, moins de deux semaines après l’élection présidentielle, la Commission électorale a dû annoncer le report d’une semaine des élections des gouverneurs et députés locaux, initialement prévues le 11 mars. L’Inec estime en effet qu’il lui faut du temps pour reconfigurer ses systèmes. La Commission demande également un délai pour « avoir suffisamment de temps » pour sauvegarder les données stockées sur les machines BVAS.
Après des recours, les opposants se sont vu refuser par la justice leur demande d’inspecter les machines BVAS avant leur reconfiguration. Mais l’Inec assure ne pas « être opposée à ce que les parties au litige inspectent le matériel électoral » et qu’« elle continuera d’accorder à tous les plaideurs l’accès au matériel » dans le cadre des différents recours. Reste que l’expérience BVAS n’est, pour le moment, pas encore très concluante. Il faudra attendre les prochaines élections, le 18 mars, pour savoir si l’Inec a pu réajuster le tir.