Au Sénégal, trois jours après le début de la nouvelle opération militaire dans le nord de la Casamance, les bases de la faction du chef rebelle Salif Sadio, du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC), commencent à tomber.
Six semaines après l’attaque du mouvement rebelle casamançais MFDC — plus précisément le groupe Salif Sadio — contre la patrouille des Casques blancs sénégalais de la MICEGA, la réplique de l’armée sénégalaise se montre décisive dans un conflit larvé qui dure depuis 1982.
En cinq mois, au moins 77 camions de contrebande de bois de rose en provenance de la Casamance ont été arrêtés par les soldats sénégalais sur la frontière sud de la Gambie. En représailles, la faction du MFDC contrôlant le nord de la Casamance, dirigée par Salif Sadio, a attaqué une patrouille des Casques blancs de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), active dans la région. Bilan : deux soldats sénégalais morts et neuf capturés.
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S’en est suivie une mise en scène du chef rebelle responsable de l’attaque, qui a exhibé les soldats capturés et prôné la paix, dans un discours cherchant à atteindre le moral de l’armée sénégalaise. « On vous a trompé, il ne devrait pas y avoir de guerre entre la Casamance et le Sénégal. Ce qui ne me plait pas du tout, c’est que ce sont souvent des innocents… des fils de pauvres, qui sont envoyés au front », affirmait Salif Sadio, quelques heures après avoir fait tuer ces mêmes « fils de pauvres ».
Deux semaines plus tard, après une médiation de l’association du Vatican Sant’Egidio, les soldats capturés ont été libérés. Insuffisant pour l’état-major et l’Etat sénégalais, qui cherchent à mettre un coup d’arrêt aux affronts des rebelles du MFDC.
L’intégrité territoriale du Sénégal en jeu
L’opération militaire de l’armée sénégalaise, qui a démarré dimanche, donc, cherche à « démanteler les bases de la faction MFDC de Salif Sadio » particulièrement. Les groupes MFDC de Caesar Badiette et Kamougué Diatta ne sont, à priori, pas concernés.
De quoi arrêter net le financement de cette faction du MFDC, dont les actions, en février, menaçaient les pourparlers entre Dakar et la Casamance. Et, en effet, l’intervention militaire sénégalaise a abouti au démantèlement de deux bases des rebelles de Salif Sadio dans le nord casamançais.
Les populations civiles de la région ont été nombreuses à affluer vers la frontière gambienne, où les autorités de Banjul étaient prêtes à les accueillir.
La Communauté Sant’Egidio, dont la proximité avec le conflit casamançais date de l’époque où le mouvement était uni sous l’Abbé Augustin Senghor, a demandé « l’arrêt des combats pour reprendre le processus de négociation ».
Mais, alors que les revendications sécessionnistes du MFDC menacent l’intégrité territoriale du Sénégal, et le passage à la violence provenait du groupe rebelle de Salif Sadio, comment reprendre la négociation dans l’état actuel des choses ?
Selon une source militaire sénégalaise qui s’est confiée à RFI, l’attaque de février a été vécue comme « une humiliation » par l’armée sénégalaise, qui compte bien « laver l’affront ». Ou, plus officiellement, selon le communiqué de l’état-major sénégalais, « les armées sénégalaises restent déterminées à poursuivre ces actions de sécurisation et à préserver, à tout prix, l’intégrité du territoire national ».