L’homme d’affaires algérien Mehdi Ghezzar est accusé par les médias d’être un « agent d’influence » d’Alger à Paris. Mais en réalité, Mehdi Ghezzar s’est surtout imposé comme un homme incontournable dans les relations franco-algériennes.
Depuis six mois, Mehdi Ghezzar est la cible d’une attaque en règle des médias français. Il faut dire que les journaux se sont épris d’intérêt pour le « Golden boy algérien ». Fin 2023, l’homme d’affaires, également chroniqueur dans l’émission de RMC « Les Grandes Gueules », obtient la récompense de Grande gueule de l’année. Mais en août dernier, des extraits d’une interview donnée en Algérie ont provoqué un tollé. Mehdi Ghezzar avait alors indiqué que le Maroc était « un État voyou ».
Sous la pression de plusieurs personnalités politiques, parmi lesquelles Eric Ciotti, l’émission phare de RMC avait écarté Ghezzar. Certains passages de l’interview avaient cependant été coupés et certains propos du chroniqueur avaient été tronqués. Selon nos informations, des poursuites sont actuellement en cours. Six mois plus tard, nouvelle attaque : Mehdi Ghezzar annonce vouloir former un « lobby DZ ». Il avait demandé aux influenceurs algériens de France de se lancer dans la « guerre médiatique ».
Le franc-parler de Mehdi Ghezzar
Mais en creusant un peu, difficile de trouver quoi que ce soit à reprocher à cet Algérien, qui s’est installé en France à la fin des années 1980 — et qui n’a jamais demandé la nationalité française. Un de ses proches explique que Mehdi Ghezzar est l’exact opposé de l’image qu’on tente de lui accoler dans les médias. « Oui, il a un franc-parler indéniable, mais là où on le présente comme un guerrier, dit-il, c’est en réalité un homme de paix qui cherche plutôt à rétablir la vérité sur son pays ».
« C’est un ‘nationaliste’, comme il se définit lui-même, ajoute un autre proche de l’homme d’affaires. Il défend l’Algérie, toujours avec conviction et sincérité, mais surtout avec passion. Dès qu’on lui parle de son pays, il part dans de longs monologues remplis de souvenirs et de nostalgie ». Et la France dans tout ça ? « Elle a toujours été correcte avec lui, et c’est réciproque. Mehdi paie ses impôts, vit ici et entreprend dès qu’il le peut », poursuit cet ami.
Mehdi Ghezzar, le bouc-émissaire idéal
Mais alors, pourquoi les médias attaquent-ils autant l’ancien chroniqueur des « Grandes Gueules » ? Un ancien salarié du groupe NextRadioTV, qui détient RMC et BFMTV estime que « tout a commencé lorsqu’il a commencé à défendre l’humoriste Guillaume Meurice, mais surtout quand il avait critiqué BFMTV ». À l’époque, le chroniqueur affirmait que la chaîne du groupe était « le meilleur ambassadeur du Rassemblement national ».
Un politologue français, sous couvert d’anonymat, a une autre analyse. « Une partie de la classe politique rêve de mettre fin à l’accord franco-algérien de 1968. Ces politiciens voient aussi d’un mauvais œil le fait qu’Alger soit dans une politique de réciprocité vis-à-vis de la France, explique-t-il. Mehdi Ghezzar est le symbole par excellence de l’Algérie en France et sert donc de bouc-émissaire ». À en croire certains, en mettant la lumière sur Mehdi Ghezzar, la France souhaite en réalité toucher le pouvoir algérien indirectement. « D’autant qu’il a osé critiquer le Maroc, avec qui le président Macron tente aujourd’hui d’apaiser les relations », rappelle notre analyste politique..
Bataille médiatique Retailleau-Ghezzar
Reste que, aujourd’hui, les médias se demandent quel est le rôle de Mehdi Ghezzar. Des médias qui ne savent pas sur quel pied danser… il est, d’un côté, présenté dans les journaux comme un interlocuteur « peu crédible » pour les autorités françaises. Mais aussi comme quelqu’un dont l’avis est important. Car Ghezzar semble disposer d’un réseau très vaste dans les arcanes de Matignon. Il soufflerait même, dit-on, à l’oreille du président algérien Abdelmadjid Tebboune. Mehdi Ghezzar le considère d’ailleurs « comme une figure paternaliste », assure l’un de ses proches.
En tentant de décrédibiliser Mehdi Ghezzar, on peut surtout sentir la patte d’un dirigeant français. En effet, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, mène sa propre croisade contre l’Algérie… au détriment du Quai d’Orsay qui reste bien silencieux. Certains collaborateurs du ministre admettent que ce dernier ne serait pas étranger aux boules puantes lancées contre Mehdi Ghezzar. Mais les amis de l’Algérien s’en amusent… « Retailleau ne restera pas longtemps sur le devant de la scène, contrairement à Mehdi ». Contacté par Afrique Chronique, Mehdi Ghezzar n’a pas répondu à nos sollicitations.
Voila l’ennemie numéro 1 du maroc et des marocain