En Libye, les deux Premiers ministres rivaux sont toujours en désaccord. Le premier, Abdel Hamid Dbeibah, mène la communauté internationale à la baguette et tente d’isoler le second, Fathi Bachagha.
La tension est montée d’un cran en Libye où, à la fin du mois d’août, les deux Premiers ministres rivaux, Fathi Bachagha et Abdel Hamid Dbeibah, ont provoqué des violences à Tripoli. La capitale libyenne n’avait pas connu de tels combats depuis deux ans. Tout est parti d’une attaque de Tripoli envisagée par les forces pro-Bachagha. Celles de Dbeibah ont alors pris position pour engager des combats, qui ont fait plusieurs dizaines de morts.
La situation étant intenable, le 9 septembre devait avoir lieu un mini-sommet à Berlin, consacré à la Libye, le 9 septembre dernier. Une date symbolique, puisqu’il y a un an jour pour jour, le Parlement libyen votait une loi électorale qui devait amener jusqu’au report du scrutin présidentiel.
Mais la fameuse rencontre de Berlin n’aura finalement été qu’un effet d’annonce. Alors que la Turquie, actuellement très active dans la médiation entre les deux clans des Premiers ministres, l’Égypte et le groupe « P3+2 », qui regroupe les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et l’Italie, devaient participer au mini-sommet, celui-ci a été un camouflet.
Refus de visa et de voyager à Misrata
D’après Africa Intelligence, c’est le diplomate allemand Christian Buck qui était à la baguette de l’organisation. Il avait proposé aux deux camps libyens d’envoyer des émissaires au sein d’une délégation consensuelle, composée de représentants des deux clans et de membres de la société civile. Un consensus qui n’a pas été trouvé : aucun des membres du groupe « P3+2 » n’a pu se rendre en Libye pour préparer la rencontre, quelques jours avant celle-ci, à la fin du mois d’août.
Est-ce lié aux événements qui ont secoué Tripoli ? Le journal français assure que c’est le Premier ministre Abdel Hamid Dbeibah qui est à l’origine de ce blocage. Son gouvernement étant en charge des visas, il aurait refusé à l’envoyé spécial pour la Libye de la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock son visa. La faute à la volonté de Christian Buck de rencontrer Bachagha.
Abdel Hamid Dbeibah semble déterminé à isoler son rival sur la scène diplomatique internationale. Pourtant, la communauté internationale souhaite discuter avec les deux camps pour tenter de trouver une solution. Africa Intelligence assure par ailleurs que, cet été, d’autres personnalités ont essuyé des refus de rallier Misrata pour y rencontrer Bachagha : l’ambassadeur américain Richard Norland, celle du Royaume-Uni Caroline Hurndall, ou encore le directeur du Moyen-Orient du Foreign & Commonwealth Office (FCO), Stephen Hickey, ont en effet été bloqués à Tripoli.
Abdel Hamid Dbeibah mène donc la vie dure à Fathi Bachagha. En l’isolant de la communauté internationale, il est en train de le marginaliser et de se poser en seul interlocuteur avec la communauté internationale.