L’homme d’affaires israélien, qui a cédé ses actifs congolais contre une réconciliation judiciaire, devrait toucher 131 millions d’euros de la part de l’Etat congolais.
L’affaire ressemble de plus en plus à une véritable série télévisée. Le 16 juin dernier, le ministère des Hydrocarbures de la République démocratique du Congo (RDC) annonçait, dans un courrier, que des permis d’exploitation pétrolière accordés à l’homme d’affaire Israélien Dan Gretler avaient expiré. Avec ses ennuis judiciaires aux Etats-Unis, l’homme d’affaires savait qu’il ne pouvait plus compter sur son allié congolais, Joseph Kabila.
Visé par le clan Tshisekedi, Dan Gertler s’est finalement vu proposer une offre par le Palais de la Nation, de Kinshasa. Ce deal, datant de février dernier, permettait à la RDC de récupérer les actifs de l’entreprise Ventora Development — anciennement Fleurette Group — de l’homme d’affaires, contre une réconciliation judiciaire. Avec des actifs estimés à 2 milliards de dollars, on se disait alors que Gertler était le grand perdant de l’affaire et la RDC la gagnante.
Mais en acceptant la proposition de l’Etat congolais, Gertler avait surtout réussi à s’acheter une réconciliation judiciaire inespérée : après une longue bataille, notamment dans les médias, l’homme d’affaires avait accusé, l’an dernier, des « individus bien connus aux motivations douteuses » d’avoir lancé une campagne contre lui. Mais l’affaire Gertler semblait sans issue.
La République démocratique du Congo (RDC) a transmis une offre qui avait, outre la récupération des actifs de Gertler, l’ambition de mettre un terme aux scandales miniers et financiers qui avaient cours sous l’ère Kabila. Tout un symbole pour un Tshisekedi qui ne voulait pas permettre à son ancien allié de circonstance de se pouvoir se relever politiquement.
Mais dans les faits, Dan Gertler n’a pas vraiment tout perdu en signant cet accord avec la RDC. Ce mercredi matin, Africa Intelligence nous apprend en effet que, « en marge du grand compromis négocié en février pour mettre fin aux litiges avec Dan Gertler, les autorités congolaises ont signé le mois dernier avec lui un deuxième accord, plus restreint et plus secret ». Que prévoit cet accord, signé par le ministre des Hydrocarbures Didier Budimbu avec les sociétés Foxwhelp et Caprikat, le groupe F&C de Dan Gertler ?
131 millions d’études sismiques
Deux permis pétroliers détenus par F&C vont être restitués à l’Etat contre… 131 millions d’euros. Une somme qui correspond étrangement aux investissements réalisés par F&C dans la zone des blocs I et II du Graben Albertine, située dans la province de l’Ituri, avant que le groupe ne voit contrat avec l’Etat congolais résilié après des retards pris dans les travaux. Le ministère des Hydrocarbures dément, mais Africa Intelligence assure qu’un draft de contrat comportant cette somme a bien circulé.
Pour le régime congolais, une résiliation pure et simple des contrats aurait pourtant pu suffire, la société du milliardaire israélien n’ayant en réalité jamais effectué de forages sur place. Seules des études sismiques ont été commandées dans les années 2010. Après réception de ces études, Gertler n’a jamais trouvé d’accord pour l’acheminement des hydrocarbures avec l’Etat.
Cependant, si la RDC avait unilatéralement rompu ses accords avec l’Israélien, une bataille judiciaire était engagée, notamment devant la Chambre de commerce internationale. L’accord doit donc permettre à la RDC de récupérer ses certificats originaux des permis pétroliers et, dans le même temps, de mettre fin à toutes les procédures l’opposant à l’homme d’affaires. Selon Africa Intelligence, la RDC veut également récupérer les études, qui ont coûté 131 millions d’euros, pour « les revendre à un futur repreneur », que ce soit TotalEnergies ou ENI.