Aujourd’hui, en Guinée, débutent les Assises nationales. Un rendez-vous qui réunira les membres de la transition avec un objectif prioritaire : établir un « nouveau cadre institutionnel ».
Annoncées depuis trois mois, les Assises nationales en Guinée débutent ce mardi. Celles-ci doivent permettre, selon le président de la Transition, d’engager un processus de « réconciliation ». Des journées « du pardon et de la vérité » lancées par le colonel Mamadi Doumbouya en personne.
Alors que l’actualité guinéenne a été marquée par la fuite d’un enregistrement audio, dans lequel on entend Alpha Condé, le président renversé en septembre 2021, affirmer qu’« en Guinée, ça va aller très mal » et appeler ses partisans à se mettre en ordre de bataille, et après les interrogations autour de la durée de la transition, ces Assises tombent à pic pour remettre Doumbouya et ses hommes sur le devant de la scène.
C’est d’ailleurs ce que reproche l’opposition au Conseil national de la transition (CNT) : de vouloir faire diversion pour faire oublier le chronogramme ayant fuité, qui annonçait une transition guinéenne pouvant durer jusqu’à trois ans.
Manœuvre politique ou véritable volonté de modifier ? Ces Assises guinéennes ressemblent en tout cas à s’y méprendre aux Assises nationales de la refondation au Mali. A l’époque, le président malien Assimi Goïta s’était appuyé sur les résultats des consultations pour annoncer la prolongation de la durée de transition de cinq ans.
La réconciliation au centre des discussions
Problème : le gouvernement a décidé d’avancer les Assises et s’est précipité pour préparer ce rendez-vous. Reste que, à la veille de l’ouverture des Assises nationales, personne ne connaissait le programme des discussions. Le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, qui organise l’événement, annonce que « les termes de référence et les activités seront annoncés lors du lancement » et « réserve la communication du chronogramme des Assises à la commission nationale chargée d’animer et de coordonner les débats ».
De quoi irriter les ONG et la société civile. Une douzaine d’organisations ont indiqué avoir des « craintes légitimes quant à la réussite d’une réconciliation vraie et sincère à travers les Assises nationales ». Parce que ces ONG ne désirent « pas servir de caution en nous associant à des évènements aux objectifs indéfinis et imprécis », elles ont posé des conditions avant d’accepter de participer à ces Assises qui dureront un mois.
L’opposition, à l’image de Sékou Kouréissy Condé, n’est pas hostile à l’organisation des Assises, mais il assure qu’il y a un évident « manque de préparation » de la part du pouvoir en place. C’est, selon la société civile, un peu le flou : certaines personnalités ne savaient pas, hier encore, si elles étaient conviées ou non.
Quoi qu’il en soit, au terme de ces Assises, cela pourrait bien être la déception pour les observateurs. Car si le programme n’est pas connu, les discussions devraient tourner autour de la réconciliation plus qu’autour de la transition. Il sera donc notamment question des mandats d’Alpha Condé mais aussi des prédécesseurs de ces derniers.