Lors de la 67e session de l’Assemblée générale des Nations unies, le 18 septembre 2012, le Zimbabwéen Robert Mugabe avait dénoncé « l’arrogance, l’unilatéralisme et l’hégémonie militaire » de l’OTAN, qu’il avait qualifié de « groupe terroriste ».
En 2011, deux semaines avant le meurtre de Mouammar Kadhafi, le Guide de la révolution libyenne, l’ancien président du Zimbabwe Robert Mugabe critiquait l’intervention de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) en Libye. « Les pays de l’OTAN cherchent simplement à tuer Kadhafi. Ils ont délibérément tué certains de ses enfants. Quelle est la différence entre eux et les Talibans ou al-Qaïda ? », interrogeait alors le chef de l’Etat, qui affirmait que « l’OTAN est une organisation terroriste qui défie le droit international, qui ne veut manifestement que tuer ».
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Un an plus tard, l’assassinat de Kadhafi — officiellement par les brigades révolutionnaires soutenues par l’OTAN — acté, Mugabe a décidé de continuer sa critique de l’organisation atlantiste. Le 18 septembre 2012, à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, sous les applaudissements africains, Mugabe dénonçait la destruction de la Libye et dressait un portrait au vitriole de l’OTAN, devant ses propres ambassadeurs.
« La tendance belliciste croissante des Etats de l’OTAN, inspirée par la croyance arrogante qu’ils sont les plus puissants d’entre nous, et qu’ils manifestent par le recours à l’hégémonie militaire, comme en Libye, est l’antithèse même des principes fondamentaux des Nations unies », clamait Mugabe, qui reprochait l’isolement de l’Afrique : « l’Union africaine a été défiée, ignorée et humiliée ».
Un discours qui, près de dix ans plus tard, trouve encore un certain écho. En 2022, la Libye est toujours déchirée, onze ans après la mort de Kadhafi, et les pays de l’OTAN blâment les pays africains qui n’ont pas soutenu leur condamnation de l’intervention russe en Ukraine.
L’ennemi des Occidentaux
Mugabe avait une dent contre l’OTAN, lui qui était accusé d’être le « Hitler noir » par la presse britannique, qui était attaqué par les ONG occidentales pour son régime à parti unique et qui avait été sanctionné par les pays occidentaux entre 2002 et 2017. Le Zimbabwe a souvent été qualifié du « Cuba de l’Afrique » en raison de l’embargo dont elle a fait l’objet durant cette période.
Mugabe a fini renversé par le général Sibusiso Moyo en 2019. Et le vice-président Emmerson Mnangagwa a été désigné président après la démission forcée de Mugabe. Un coup d’Etat que la communauté internationale a évidemment salué, en mettant surtout en exergue — en l’absence de crimes contre l’humanité avérés contre le régime Mugabe — l’« échec économique » du président déchu. Aujourd’hui encore, les économistes assurent sans sourciller que le Zimbabwe de Mugabe, avec 20 milliards de dollars de PIB, avait un taux de chômage atteignant 90 %.
Mais c’est surtout les sorties virulentes et la politique étrangère de Mugabe qui déplaisaient aux Occidentaux. De son vivant, le président zimbabwéen disait, lorsque l’ONU avait dénoncé la nationalisation des entreprises occidentales dans son pays : « Nous devons discriminer les pays qui nous discriminent ».