L’icône du rap underground, le Rwandais Jay « King » Polly, est décédé ce jeudi 2 septembre. Un artiste atypique dont la descente aux enfers aura été fatale.
Vers 4 heures du matin, ce jeudi 2 septembre, le rappeur rwandais hardcore Jay Polly est mort, à l’âge de 33 ans. Arrêté pour détention de stupéfiants en avril, l’artiste a été victime d’un malaise. Jay Polly, en compagnie de deux codétenus, avait consommé une concoction à base de désinfectant, d’eau et de sucre, la veille de son décès. Les agents des Services correctionnels du Rwanda (RCS) ont transporté le chanteur d’urgence à l’hôpital de Muhima à Kigali, où il est mort peu après son arrivée.
Jay Polly et ses codétenus ont partagé un mélange d’alcool (méthanol), utilisé par les détenus pendant le rasage, qu’ils ont eux-mêmes mélangé avec de l’eau et du sucre,
Repose en paix #JayPolly pic.twitter.com/n5DYJV6CjU— 𝒌𝒂𝒍𝒊𝒎𝒃𝒂 𝒃𝒍𝒂𝒊𝒔𝒆 (@BlaiseKalimba) September 2, 2021
Une fin malheureuse pour l’un des plus grands talents de la scène hip-hop africaine. Le « King » Polly a commencé sa carrière très jeune. Initié à la musique à cinq ans au sein de la chorale de son église, il découvrit le rap grâce à son frère. Mais ce n’est qu’en 2002 que Jay Polly s’est lancé corps et âme dans ce style musical. A 15 ans d’âge, il chantait pour le collectif de rap militant Black Powers. Un an plus tard, il enregistrait ses premiers morceaux, « Nakupenda » et « Hip-Hop Game ».
Après un bref passage dans le groupe Tuff Gang crew entre 2009 et 2011, ce sera la participation de Jay Polly au concours Primus Guma Guma Super Star (PGGSS) qui lancera définitivement la carrière solo de l’artiste. Malgré une première défaite lors de ce concours largement suivi au Rwanda, Jay Polly signe chez Touch Records. La maison de production, basée dans le quartier où Jay a grandi, fait rapidement de lui une star en diffusant des vidéos de battles. Le dernier rendez-vous du « King » avec le rap mainstream eut lieu en 2014, année lors de laquelle il remporte le PGGSS.
La descente aux enfers du « King »
Dès lors, la carrière de Jay Polly s’est assombrie. Remarqué par la superstar américaine Jay-Z en 2015, le « King » rwandais refuse de signer un contrat avec le label de la légende du hip-hop. Il préfère alors se produire dans les boites de nuit et lors de fêtes privées. Il déclare en 2016 que « le contrat de Roc Nation n’était pas à la hauteur ». Son implication dans le milieu de la grande criminalité de Kigali scellera définitivement son avenir. A l’époque, la musique de Jay Polly se transforme, passant du rap conscient, à l’image de son tube « Deux fois deux », en rap hardcore.
En 2018, Jay Polly est arrêté pour la première fois après avoir agressé sa femme. Condamné à cinq mois de prison, le rappeur sombre encore dans les stupéfiants et l’alcool à sa sortie de prison. Tant et si bien que son contrat signé avec Mane Record en 2019 est résilié au bout de deux mois, après que Jay a violé la clause morale qui le liait à son producteur en continuant à se produire lors de soirées organisées par le milieu du grand banditisme.
Lors de sa dernière arrestation, le 23 avril, avec onze autres personnes lors d’une fête privée, la police de Kigali découvre une impressionnante quantité de cocaïne et d’ecstasy. Il s’agit alors de la dernière apparition de Jay Polly en public. Son audience était fixée pour le 2 décembre prochain.