Une nouvelle tragédie a eu lieu ce weekend en Guinée. Au moins 15 mineurs sont morts lors d’un éboulement. Au Nord-Est du pays, les mines clandestines pullulent, et avec elles les décès des orpailleurs clandestins.
Un glissement de terrain meurtrier a frappé une mine d’or clandestine en Guinée-Conakry. La paroi des galeries de Siguiri, à la frontière malienne, s’est effondrée samedi, tuant instantanément les mineurs.
Selon un responsable local, les sauveteurs ont sorti 15 cadavres des débris le 8 mai. Ils ont continué à creuser dans les décombres le lendemain, à la recherche de survivants. Les corps des 15 mineurs, la plupart des hommes âgés de 15 à 40 ans, ont été récupérés par les autorités samedi soir. La Croix Rouge a annoncé que deux femmes faisaient partie des décédés. Tous les morts ont été enterrés dans une fosse commune. Un témoin a déclaré que deux autres femmes, se trouvant sur les lieux, s’étaient échappées.
A première vue, le pays a connu son lot de catastrophes, en particulier autour de Siguiri. C’est une région où plus de 20 000 mineurs d’or sont officiellement actifs. Au moins 29 mineurs clandestins sont morts dans des glissements de terrain en février 2019 et en janvier 2020. Bien que le pays d’Alpha Condé possède de riches gisements de diamants et d’or, la majeure partie de la population est confrontée à une lutte quotidienne pour survivre. L’ONU estime qu’environ une personne sur deux vit en dessous du seuil de pauvreté.
Deslizamiento de tierra en una mina de oro deja al menos 15 muertos en Guinea https://t.co/F2ZghZg6EE#yosper #guinea #minadeoro
— Periódico Yosper (@Yosperdo) May 9, 2021
Une hécatombe, menée par les compagnies minières
Des sociétés légales exploitent secrètement les mines artisanales de Siguiri. Ces compagnies minières négligent exprès la destruction des galeries menacées d’effondrement après la localisation des gisements. Ensuite, elles engagent des locaux pour le travail manuel, contre une paie ridicule.
Les plus grandes compagnies minières de la Guinée sont Rio Tinto et Chinalco. Depuis la faillite de leur projet minier de Simandou, ces compagnies se sont rabattues sur les gisements de la Société AngloGold (SAG). La SAG est une compagnie minière sud-africaine. L’Etat guinéen possède néanmoins 16 % des actions. Depuis 2017, la compagnie a vendu ses contrats d’exploitation de Siguiri à Rio Tinto et Chinalco.
Toutefois, le pays compte plus de 300 000 orpailleurs. Continuer les recherches après la fin des études géologiques ne coute pas beaucoup de fonds aux compagnies minières. Les mineurs clandestins sont payés une moyenne d’un dollar par jour pour travailler. Les excavations sont souvent secrètes, bien que les sociétés possèdent les permis nécessaires.
D’ailleurs, à Tatakourou, où le dernier drame a eu lieu, beaucoup de gens meurent dans les mines sans que cela ne soit officialisé. Il y aurait souvent des affrontements entre des « clans » de mineurs. Certains sont originaires de la région, d’autres des étrangers. Parfois même, certains « clans » sont protégés par des paramilitaires. Ces derniers ont par le passé attaqué des villages dans la région, dans des expéditions punitives pour le partage du butin.
Néanmoins, les médias guinéens ont publié un rapport accablant en 2020. Il montre que la production minière artisanale s’élèverait à 24,7 tonnes, contre une production industrielle de 3,6 tonnes. Et même si les chiffres n’ont jamais été officialisés, ils expliqueraient l’intérêt des compagnies minières dans les excavations clandestines.