Plusieurs accords de coopération ont été signés entre le Maroc et Israël, lors de la rencontre entre Nasser Bourita et Yair Lapid. Les deux hommes ont également évoqué le dossier israélo-palestinien.
A Rabat, le moment a été historique. Ce mercredi 11 août, Yair Lapid, ministre israélien des Affaires étrangères, a foulé le sol marocain. Accompagné d’une délégation, le chef de la diplomatie israélienne avait prévu un voyage de deux jours. Il y a neuf mois encore, cette visite officielle aurait été impensable. Mais en décembre dernier, sous l’impulsion de Donald Trump et en contrepartie de la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, Rabat a fini par normaliser ses relations avec l’Etat hébreu. Auparavant, le Maroc et Israël avaient tissé des liens, notamment économiques, de façon discrète. La visite de Yair Lapid sonne comme une officialisation des relations israélo-marocaines.
Un tabou est tombé.
Visite officielle du ministre des Affaires étrangères israélien au #Maroc. #Israel https://t.co/CQacL96nWq— Benoît Delmas (@westernculturel) August 12, 2021
La visite israélienne au Maroc n’est pas la toute première de l’histoire : en juillet 1986, le Premier ministre israélien Shimon Peres s’était rendu au Maroc, où il avait rencontré le roi Hassan II pour des discussions à « caractère purement exploratoire ». A l’époque, la Syrie avait rompu ses relations avec le Maroc et le roi chérifien avait été qualifié de « traitre » par le « Guide de la révolution libyenne » Kadhafi. La visite officielle de Yair Lapid, qui s’est terminée hier, a provoqué moins de remous dans les pays arabes.
Dès la rencontre entre les deux chefs, israélien et marocain, de la diplomatie, les propos ont été plus que cordiaux : « Notre relation tire sa force de l’attachement solide de la communauté juive d’origine marocaine au royaume et des liens indéfectibles entre cette communauté, y compris celle présente en Israël, et la personne du roi », a indiqué Nasser Bourita à son homologue israélien. Bourita et Lapid se sont entretenus en tête-à-tête. En pleine affaire Pegasus, le ministre marocain des Affaires étrangères a également reçu Ram Ben Barak qui, s’il est actuellement président de la Commission des affaires étrangères de la Knesset, est surtout un ancien cadre de l’appareil sécuritaire israélien.
Palestine : le Maroc rappelle qu’il est pour une solution à deux Etats
Lors de ce voyage, plusieurs accords ont été signés entre les deux pays. Le Maroc doit être une destination touristique de choix dans les années à venir pour les Israéliens. Cet été, une ligne commerciale Marrakech-Tel-Aviv a été lancée et une prochaine, entre Tel-Aviv et Casablanca, devrait bientôt voir le jour. Les trois accords signés concernant l’économie et la politique pour le premier, la jeunesse, la culture et le sport pour le deuxième et les services aériens pour le dernier.
Mais le signal fort de cette visite israélienne de deux jours est surtout diplomatique : Yair Lapid et sa délégation ont inauguré un bureau de liaison à Rabat. En 1994, les deux pays avaient déjà ouvert des bureaux de liaison à Rabat et Tel-Aviv, mais ceux-ci avaient été fermés six ans plus tard, au moment de la deuxième Intifada. Cette fois, Yair Lapid est optimiste : il a d’ores et déjà invité son homologue à ouvrir un bureau en Israël, et il espère que, très rapidement, les bureaux de liaison seront transformés en ambassades.
Restait un sujet plus délicat à traiter : le conflit israélo-palestinien. Le chef du gouvernement marocain, Saad Dine El Otmani, avait annoncé qu’il refuserait de rencontrer le ministre israélien, tout comme les ministres issus du Parti de la justice et du développement (PJD), peu à l’aise avec la normalisation entre Israël et le Maroc. Aucune rencontre n’a effectivement eu lieu entre Lapid et El Otmani. Mais le sujet de la Palestine serait bien arrivé sur la table : Nasser Bourita a indiqué que le roi « a souligné à maintes reprises la nécessité de rompre avec le statu quo et la situation de blocage pour reprendre les négociations, qui constituent l’unique voie pour parvenir à une solution définitive, durable et globale sur la base d’une solution à deux Etats ».