Après la crise diplomatique, la réconciliation ? Rabat, Berlin et Madrid seraient actuellement en train de renouer leurs liens en coulisse.
Voilà plusieurs mois que rien ne va plus entre le Maroc et plusieurs pays européens. Outre l’affaire Brahim Ghali, le chef du Polisario qui a pu rentrer en Algérie après une hospitalisation en catimini, le royaume chérifien a des relations conflictuelles avec l’Allemagne. Mais les deux pays européens seraient actuellement en train de lâcher du lest, quand le Maroc tente lui aussi de faire des efforts.
Pour rappel, comme Madrid, Berlin a refusé de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, après que l’administration Trump a pris de court la planète sur le sujet en décembre dernier. En mai, le roi Mohammed VI avait rappelé son ambassadeur en Allemagne, Zohour Alaoui, pour consultations. Il était notamment questions de l’attitude « négative » de Berlin.
L’Espagne, elle, est en désaccord avec le Maroc sur plusieurs sujets. Après avoir accueilli Ghali sur son territoire, le gouvernement espagnol a eu des discussions concernant les questions migratoires en provenance du Maroc. Le roi Mohammed VI, il y a dix jours, qu’il prenait à cœur le règlement de la question des mineurs marocains ayant émigré illégalement sur le sol européen.
Pedro Sanchez à la rescousse du Maroc
En échange, Pedro Sanchez pourrait donner un coup de pouce au Maroc. Ce jeudi 10 juin, le Parlement européen discute de la potentielle violation par le Maroc de la convention des Nations unies sur les droits de l’enfant. Si les eurodéputés venaient à condamner le royaume, les différents accords économiques entre Rabat et Bruxelles pourraient être remis en cause. Impensable en cette période de crise économique mondiale. D’autant que cela fait deux ans que le Maroc a renouvelé, à son avantage, les accords de libre-échange agricole et de pêche. Or, les députés espagnols ne devraient pas voter une possible résolution contre le Maroc dans ce dossier.
Sans oublier la question sécuritaire : si les relations ont publiquement été difficiles entre Madrid et Rabat, en coulisse, les deux pays ont continué à faire collaborer leurs services de renseignement.
Quant à l’Allemagne, c’est du côté de la conférence sur la Libye que l’on pourra prochainement s’apercevoir que les relations avec le Maroc se sont apaisées. Le 23 juin prochain, Berlin accueille le second sommet sur la Libye. Et la chancelière Angela Merkel aurait, via son ministre des Affaires étrangères, demandé au royaume d’y assister. Il a longtemps été question, pour Rabat, de ne pas se rendre en Allemagne. Mais les efforts des uns et des autres pourraient permettre à Berlin de convaincre le ministre marocain des Affaires étrangères de venir discuter de la situation libyenne.