Le nouveau président de la CAF veut que l’Afrique remporte une Coupe du monde dans les plus brefs délais. Un défi qui semble difficile à relever.
Populisme ou réalisme ? Le nouveau président de la Confédération africaine de football (CAF), Patrice Motsepe, s’est en tout cas peut-être emballé en annonçant qu’un pays africain pourrait remporter la Coupe du monde ces prochaines années. Certes, le nouveau patron du foot africain tente d’insuffler une note d’optimisme en demande que l’on « arrête d’être trop pessimistes et négatifs à propos du Mondial ». Mais affirmer qu’« une équipe africaine doit gagner la Coupe du monde dans un avenir proche », Motsepe semble faire une promesse difficile à tenir.
Car le bilan africain lors des précédentes Coupes du monde parle pour lui-même : aucune sélection d’un pays du continent n’a réussi à dépasser les quarts de finale de cette compétition. Pire, ce n’est qu’à trois reprises que cela est arrivé dans l’histoire du Mondial. C’est le Cameroun le premier qui, en 1990 en Italie, avait réalisé l’exploit. Roger Milla et ses coéquipiers avaient malmené la sélection anglaise, emmenant cette dernière jusqu’aux prolongations. Le Cameroun était passé tout près de la demi-finale. Puis le Sénégal en 2002 et le Ghana en 2010 ont égalé le record africain en Coupe du monde.
Travailler sur la formation
Penser faire gagner la Coupe du monde à un pays africain est donc aujourd’hui plus utopique qu’optimiste. Aujourd’hui, seules quelques sélections nationales peuvent réaliser un exploit : Egypte, Algérie, Maroc, Nigeria, mais aussi Sénégal ou Côte d’Ivoire… Toutes ont des chances de briller lors des prochains Mondiaux.
Pour bousculer la hiérarchie, le football africain devra beaucoup travailler. La méthode Motsepe sera-t-elle la bonne ? « Il n’y a aucun continent qui a réussi en s’attardant sur ses échecs », explique le Sud-Africain. Sauf que, pour aller de l’avant, il faut faire le bilan du passé. Motsepe, qui veut « rendre le football africain attractif », notamment en améliorant le niveau et l’organisation des compétitions continentales, devra forcément s’intéresser à la formation et aux championnats locaux.
Car si aucune équipe africaine n’est allée au-delà des quarts de finale d’un Mondial, il y a bien une raisons. Voire plusieurs. Les sélections africaines sont confrontées depuis de nombreuses années à des problèmes : des joueurs stars, qui ont pris la main sur leurs fédérations, des problèmes de primes non versées, des infrastructures peu développées ou encore des conditions de travail indignes… Difficile dans ce contexte d’envisager réaliser l’exploit.
Peu de sélectionneurs africains
Oui, l’Afrique gagnera un jour la Coupe du monde. Mais dans les prochaines années, on voit mal comment. Il faut également lier le développement économique du continent au football : ce n’est qu’en poursuivant cette évolution économique positive que l’Afrique performera sportivement. Enfin, gagner un Mondial ne se commande pas : les Etats-Unis avaient, à la fin du siècle dernier, programmé une victoire en finale. Mais l’Amérique n’a finalement jamais réussi à se mettre au niveau des formations européennes ou sud-américaines. Ce n’est pas non plus l’Argentine qui dira qu’il suffit de volonté pour sortir vainqueur.
« Je rêve d’une victoire africaine », disait il y a quelques années Claude Le Roy, qui a entraîné plusieurs sélections africaines. Le sélectionneur français représente à lui seul un dilemme : l’Afrique peut-elle arriver au sommet avec des entraîneurs étrangers ? Les sélections continentales font presque toujours appel à des experts étrangers au détriment des compétences locales. Là aussi, l’Afrique doit travailler. De grands entraîneurs, des joueurs motivés et des équipes déterminées… Voilà ce qu’il faudra à l’Afrique pour espérer remporter un Mondial. Pas sûr que la CAF, si elle ne débute pas un travail de fond, puisse rêver d’une victoire « dans un avenir proche ».