À la veille du lancement de la CAN 2019, Ahmed Arbib, spécialiste de la gestion de flux de supporters et du secteur de la billetterie, fait le point sur l’organisation de cette Coupe d’Afrique des nations.
Alors que va débuter la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football Total 2019 — la 32e édition du nom —, en Égypte, l’événement sera-t-il à la hauteur ? Cette CAN sera la première organisée avec 24 équipes participantes. Elle est également la première à se dérouler en plein milieu d’année. L’organisation a connu quelques épisodes : à l’origine, le tournoi devait avoir lieu au Cameroun. La Confédération africaine de football (CAF) a retiré l’organisation du tournoi pour le donner, un peu plus tard, à l’Égypte.
Après les couacs en termes d’organisation, la CAF a tout intérêt à ce que cette CAN égyptienne tienne ses promesses. Ahmed Arbib, dirigeant de la société 2A Entertainment et spécialiste du secteur de la billetterie, revient sur la façon dont les organisateurs de compétitions sportives gèrent les événements. Pour Ahmed Arbib, les organisateurs devraient s’inspirer du modèle asiatique. Notamment en termes de ticketing.
« Pour accéder à un lieu, un stade, il vous faut un billet. Par le passé un billet était un objet physique que l’on devait dupliquer ou créer comme on le ferait pour un billet de banque. Aujourd’hui avec le numérique on est passé à 300 % d’augmentation de fraude. Dupliquer, frauder et reproduire voire les transférer par messagerie des billets est d’une facilité déconcertante », résume Ahmed Arbib qui estime que « dans la guerre que nous livrons actuellement au terrorisme, cet aspect doit faire l’objet d’une attention particulière. Il en va de la sécurité des spectateurs ».
« Une réelle modernité et de nouveaux outils »
Le spécialiste du ticketing estime que l’Afrique — tout comme l’Europe, d’ailleurs — aurait intérêt à s’inspirer du modèle asiatique, qui a fait ses preuves : « Les Japonais utilisaient déjà les systèmes de e-billet en 2005 », rappelle-t-il. Avec sa société 2A Entertainment, Ahmed Arbib sait de quoi il parle : le consultant a travaillé avec des instituts de recherches et des universités en Asie pour créer « un système de traçabilité » qui « permet de savoir qui a acheté le billet et de quelle manière et qui est l’utilisateur final ».
Mais pour Ahmed Arbib, Le Caire doit également penser à une organisation plus globale : « Ceux qui pensent que l’organisation d’un événement, c’est juste remplir un cahier des charges monter une scène, un chapiteau ou trouver un arbitre sont complètement dépassés. L’organisation est devenue une science. Les enjeux sont sécuritaires, économiques et politiques », assure-t-il.
La FIFA, pour ses compétition, demande aux pays hôtes de mettre à disposition au moins 60 000 chambres et des infrastructures impeccables. La CAF, elle, aimerait avoir de telles exigences, mais les pays ont parfois du mal à suivre. Or, la réussite de la CAN passe par « une réelle modernité et de nouveaux outils », conclut Ahmed Arbib, qui regardera avec un œil attentif l’évolution de l’organisation égyptienne dès les prochains jours, avec une Coupe du monde des clubs de la FIFA déjà décisive.