La Chine a offert un bateau patrouilleur à la Sierra Leone pour durcir ses contrôles dans ses eaux territoriales, où de nombreux chalutiers chinois pratiquent la pêche illégale.
La Sierra Leone est le paradis de la pêche illégale. Selon la Commission sous-régionale des pêches (CSRP), une organisation intergouvernementale basée au Cap-Vert et qui regroupe sept États membres, « la valeur annuelle des captures de la pêche illicite en Sierra Leone est estimée à 30 millions de dollars ». Un phénomène que le gouvernement sierra-léonais a bien du mal à endiguer : en 2019, les autorités locales avaient dû interdire la pêche industrielle pendant un mois pour renouveler les stocks de poissons. Une décision prise suite à la publication d’un rapport rédigé par sept institutions et organismes de recherche, qui affirmait que la pêche illégale représentait environ 30 % des prises des flottes de pêche industrielle étrangères en Sierra Leone.
Et dans ce domaine de la pêche illégale, Pékin excelle. Les chalutiers chinois sillonnent en effet les eaux territoriales de Sierra Leone, mais également de Mauritanie, du Sénégal, de Gambie, de Guinée-Bissau et de Guinée sans être réellement embêtés par les patrouilles, trop rares. Une enquête de l’Investigative Journalism Reportika a récemment démontré que 20 % des poissons pêchés illicitement dans le monde proviennent des eaux territoriales de ces six pays ouest-africains. Le manque à gagner pour ces pays serait estimé à 2,3 milliards de dollars par an et représenterait 300 000 emplois.
Le laxisme des pays ouest-africains
Officiellement, la Chine régule la pêche en haute mer : Pékin assure n’avoir « que » 2 500 navires adaptés à ce type de pêche. Mais les ONG estiment, elles, que la Chine disposerait en réalité de 18 000 chalutiers pratiquant la pêche industrielle dans les océans du monde entier. Pour les gouvernements ouest-africains, l’équation est difficile : comment durcir les contrôles des eaux territoriales sans froisser Pékin, mais surtout sans réels moyens ?
L’inaction des pays concernés due, en partie, à ses relations diplomatiques avec la Chine pourrait cependant n’avoir été que du zèle. Car Pékin semble vouloir également venir à bouts des chalutiers chinois illégaux. La Chine vient de livrer à la Sierra Leone un navire censé permettre à ce petit pays de lutter contre la pêche illicite dans ses eaux territoriales.
Un don que Julius Maada Bio considère comme une aubaine : « La Sierra Leone a beaucoup de mal à contrôler la pêche illicite, non déclarée et non réglementée dans ses eaux territoriales. Cette capacité offshore réduira évidemment le risque et dissuadera ces crimes dans notre domaine maritime », affirme-t-il.
Si Pékin s’associe aux gouvernement ouest-africains pour lutter contre la pêche illégale, et particulièrement contre le chalutage par le fond, une technique très nocive pour l’écosystème marin, cela devrait permettre une meilleure régulation du secteur. Mais, on le sait, la Chine ne fait jamais rien gratuitement et Pékin espère certainement, à terme, signer des accords de pêche avec les pays concernés.