Le président sénégalais a promis d’annoncer, très bientôt, s’il sera ou non candidat à la présidentielle. Mais au-delà de cette annonce très attendue, plusieurs choix s’offrent à lui.
Le temps n’était, a priori, pas à l’annonce d’une candidature ou non à la prochaine présidentielle. Le président du Sénégal, Macky Sall, s’est exprimé à propos du dialogue national, qui avait débuté le 31 mai dernier et qui vient tout juste de s’achever. Alors que des manifestations avaient eu lieu à Dakar, après la condamnation d’Ousmane Sonko, on affirmait dans l’entourage du chef de l’État que ce dernier attendrait la fin du dialogue national pour s’exprimer.
Et Macky Sall a plutôt eu de la chance : la situation, au Sénégal, s’est calmée. Et même si l’heure est au règlement de comptes entre les Pastef de Sonko et le pouvoir en place, notamment à propos des responsabilités dans les décès survenus lors des manifestations, dans les rues de Dakar, les Sénégalais attendent sagement la tabaski, la fête musulmane de l’Aïd el-Kebir qui débute dans quelques heures.
Macky Sall a donc simplement annoncé la création d’un comité de suivi pour mettre en œuvre les recommandations — il y en a 270 — sorties du dialogue national. Ces recommandations permettront au Sénégal, assure le président, de préserver l’essentiel de ce qui fait son pays, « c’est-à-dire, la forme républicaine de l’État, la paix civile, la stabilité, la sécurité de notre pays ».
Une annonce dans quelques jours
Mais bien sûr, tout le monde attendait surtout de savoir si le président briguera un nouveau mandat, que la totalité des opposants, d’Aminata Touré à Ousmane Sonko, jugent anticonstitutionnel. Pour Macky Sall, en revanche, « sur le plan juridique, le débat est tranché depuis longtemps » : il assure avoir le droit de se présenter à nouveau. Le chef de l’État rappelle en effet que le Conseil constitutionnel a « estimé que mon premier mandat était intangible et qu’il était hors de portée de la réforme » constitutionnelle. Ce qui ferait de son troisième mandat un… deuxième mandat.
Macky Sall a promis de donner sa réponse après la Tabaski, sans encore annoncer de date précise. Après avoir laissé un peu de suspense — « Je vais répondre parce que maintenant le moment est venu pour répondre, mais ce n’est pas aujourd’hui », a-t-il affirmé —, le président a en effet promis « un discours à la nation » lors duquel il apportera sa « réponse, qui ne peut pas répondre du contexte dans lequel nous évoluons » mais qui découlera « d’un choix libre, souverain, qui s’exercera et qui sera expliqué au pays, quel qu’il soit et qui sera assumé ».
Reste que le président sait les remous qu’il provoquera s’il annonce qu’il se présente. Deux options s’offrent à lui. La première, c’est l’annonce de son retrait. Mais dans ce cas-là, qui pourrait prendre sa succession au sein du parti au pouvoir, l’Alliance pour la République ? La question suffit à obtenir une réponse… Il n’y a, à ce jour, aucun dauphin qui aurait été préparé à lui succéder. Or, avec un scrutin qui doit avoir lieu le 25 février 2024, difficile d’imaginer une personnalité émerger au sein de l’Alliance pour la République.
Vers une grâce présidentielle de Sonko ?
La seconde option est donc que Macky Sall se présente. Dans ce cas, il doit s’attendre à être conspué pendant plusieurs mois, jusqu’à l’élection, par le clan d’Ousmane Sonko, mais également par d’autres opposants. Mais le président a une chance : face à lui se dresse une opposition loin d’être en ordre de marche. Au contraire, celle-ci est dispersée, plusieurs figures de l’opposition ayant d’ores et déjà vouloir être candidates. De quoi affaiblir les adversaires du président-candidat.
Après le dialogue national, une nouvelle option s’offre au président sénégalais. Parmi les 270 recommandations faites, l’on évoque une modification du code électoral qui pourrait permettre aux candidats condamnés par la justice à se présenter en cas de grâce présidentielle. De quoi faire espérer plusieurs candidats, comme Karim Wade et Khalifa Sall, qui ne savent pas encore s’ils seront éligibles, mais surtout Ousmane Sonko. Une option qui pourrait être un vrai piège politique pour l’opposant, qui a déjà prévu de crier au scandale après sa condamnation. Une grâce pourrait permettre de voir un duel Macky Sall-Ousmane Sonko, qui obligera l’opposant à rentrer dans le rang et qui consolidera encore plus le président sortant en cas de réélection.