Depuis les émeutes de mars et la libération sous contrôle judiciaire de l’opposant sénégalais Ousmane Sonko, ce dernier est resté discret dans les médias. Aujourd’hui, il a appelé à une « série de manifestations ».
L’opposant sénégalais et leader du parti Pastef, Ousmane Sonko, a fait aujourd’hui sa quatrième sortie sur les médias sociaux depuis avril. Profitant de l’arrestation d’un membre du collectif « Y’en a marre », il aimerait sans doute profiter de l’évènement pour gagner médiatiquement du terrain. Kilifeu a été arrêté pour troubles à l’ordre public, après une confrontation avec des officiers de police, dans le cadre d’un contrôle de routine, selon les forces de l’ordre.
Avant même que Kilifeu ne comparaisse devant le procureur ce matin, Sonko est monté au créneau. A la fois pour faire un discours mais aussi pour soutenir le mouvement auquel appartient le détenu, très populaire auprès de la jeunesse sénégalaise.
Sonko n’obtient pas le soutien du Khalife général des Mourides
Il faut dire qu’après avoir obtenu un large soutien en mars dernier, Sonko a peu à peu disparu de l’espace médiatique, où il n’a fait que quelques apparitions controversées. D’abord, une visite au Khalife général des Mourides, que Sonko a voulu utiliser pour promouvoir sa cause, a provoqué un tollé général. En effet, l’actuel Khalife Mouhamadou Mountakha Mbacké avait appelé à l’apaisement depuis les violentes émeutes de mars. Il aurait donc mal pris l’insistance de Sonko qui a tenté à nouveau de politiser le débat public.
Puis, lors d’une manifestation contre l’homosexualité, Ousmane Sonko a perdu un peu de son capital sympathie à l’international. Alors qu’il avait d’abord préféré le silence, de peur de perdre le soutien des médias occidentaux, particulièrement les journaux anglophones, Sonko a finalement fait une brève apparition à la marche contre l’homosexualité à Dakar. Mais il s’est fait damer le pion par Macky Sall qui, dans le même temps, a déclaré : « Tant que je serai à la tête de ce pays, l’homosexualité n’y sera pas autorisée ». La bataille autour de la question gay n’aura finalement pas eu lieu.
Profitant de l’arrestation d’un militant, Ousmane Sonko a finalement appelé à une manifestation aujourd’hui à Dakar. Face aux risques potentiels de violence, le préfet de Dakar, Alioune Sambe, a préféré autoriser la marche.
Ousmane Sonko va-t-il diviser l’opposition ?
Néanmoins, malgré l’accord des autorités, Sonko voudrait faire encore plus de bruit. D’ores et déjà, même si Kilifeu était libéré, Ousmane Sonko a prévebu qu’il en appellerait à d’autres manifestations. Jusqu’à ce que « tout le monde ait les mêmes droits ». Une façon pour Sonko de se détacher petit à petit du mouvement pour la défense et la démocratie (M2D), qu’il est censé représenter. Car, comme le collectif « Y’en a marre », le M2D, a lancé cette marche à Dakar pour demander que la justice relâche Kilifeu.
Le désaccord entre Sonko et les autres opposants, ainsi que les confréries religieuses, pourrait bien diviser l’opposition. De son côté, Ousmane Sonko garde en tête son objectif : que la justice relaxe les huit personnes arrêtées en mars, des sympathisants des Pastef accusés de vandalisme. Parmi eux, certains font l’objet d’une enquête à propos de deux incendies commis à Dakar le 5 mars dernier.
Le pouvoir doit désormais composer avec un Ousmane Sonko devenu difficile à contrôler : s’il gardait Sonko en détention, cela provoquerait de sacrés remous, malgré le cadre légal qui autoriserait son placement en préventive dans le cadre de son affaire de viol et de menaces de mort. Placé sous contrôle judiciaire, Sonko peut désormais agiter l’opinion populaire sur d’autres sujets. Mais la fin des mesures sanitaires et l’arrestation de Kilifeu ont braqué le projecteur bien loin d’Ousmane Sonko, dont l’appel à un grand rassemblement place de la Nation a provoqué des réactions pour le moins mitigées de la part des internautes.