Le Congrès américain devrait voter un texte imposant au Maroc de privilégier une solution politique et pacifique dans le dossier du Sahara occidental.
Les Etats-Unis sont-ils en train de revenir sur la décision de l’administration Trump de servir sur un plateau, au Maroc, la souveraineté du royaume sur le Sahara occidental ? Si Joe Biden a été moins vindicatif que son prédécesseur sur ce sujet, il n’a pas souhaité revenir sur la décision américaine lors de sa prise de fonctions à la Maison-Blanche.
Mais, alors que les relations entre l’Algérie et le Maroc se sont dégradées ces derniers mois, notamment depuis la normalisation des relations entre Israël et le royaume chérifien, en contrepartie de la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental par les Etats-Unis, Washington a fait un pas en arrière.
En effet, le Congrès américain serait sur le point d’approuver un texte de loi qui atténue l’annonce de Donald Trump il y a un an. Selon The Africa Report, voilà plusieurs semaines que les membres de la Chambre des représentants et du Sénat débattent du National Defense Authorization Act for Fiscal Year 2022 (NDAA), la loi qui concerne le département américain de la Défense. Mardi dernier, les législateurs ont fini par trouver un compromis et décidé de supprimer plusieurs alinéas concernant l’Afrique, qui figuraient dans le projet de loi.
Mais parmi les points conservés dans le texte, un article qui concerne le Maroc, selon The Africa Report : celui-ci stipule que Rabat doit désormais œuvrer à un règlement politique au Sahara occidental. Pour information, le sénateur démocrate Reed avait proposé un texte recommandant « d’interdire l’utilisation de fonds du ministère de la Défense pour soutenir la participation des forces militaires du Royaume du Maroc à des exercices bilatéraux ou multilatéraux, à moins que le Secrétaire (LLyod Austin, ndlr) ne précise et certifie à la Commission de Défense que le Royaume du Maroc a pris des mesures pour soutenir un accord de paix final avec le Sahara occidental ».
Le plan d’autonomie marocain, plus aussi crédible et réaliste ?
Pourtant, il y a deux semaine, la proposition de Jack Reed n’avait pas fait l’unanimité du côté du gouvernement. Et lors d’une rencontre entre le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et son homologue américain, Antony Blinken, il y a deux semaines, les Etats-Unis avaient réitéré leur soutien au plan d’autonomie marocain, jugeant qu’il s’agissait de la solution la plus « sérieuse, crédible et réaliste ».
En conditionnant le recours aux armes à la recherche d’une solution politique, les Etats-Unis surprennent jusqu’au Maroc, où les déclarations de Blinken avaient été prises pour argent comptant.
Avec une nuance cependant : l’article du NDAA en question permet au secrétaire d’Etat à la Défense de décider, seul, de prendre une position plus claire « si une telle participation (militaire du Maroc) s’avère être importante pour les intérêts de la sécurité nationale des États-Unis ».
Depuis deux ans, le Maroc tente d’imposer son point du vue dans le dossier sahraoui. Aucun envoyé spécial des Nations unies dans la région n’avait été trouvé pour la région. Une vacance due à un blocage de la part du royaume chérifien. Le chef de la diplomatie sahraouie avait estime que, « au lieu de faire la paix », la conduite des Nations unies « a aidé au retour de la guerre ». Rabat avait alors tout fait pour qu’une désignation d’envoyé spéciale ne soit pas effective, préférant le statu quo à des discussions avec son voisin algérien. Avec un soutien américain plus mince, même si le texte en passe d’être voté reste symbolique, le royaume doit maintenant composer différemment.