Le nouveau chef d’Etat malien, le Colonel Assimi Goïta, a rencontré le Rassemblement des Forces Patriotique (M5-RFP) cet après-midi. Il a été décidé que le mouvement d’opposition aura la primature.
C’est une autre journée mouvementée au Mali. Le nouveau président par intérim de la Transition malienne a rencontré les leaders de l’opposition. Le mouvement politique, qui a mené les contestations contre le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), M5-RFP, choisira le Premier ministre du nouveau gouvernement. Le Colonel Assimi Goïta a officialisé ce choix, après que plusieurs sources aient répété le nom du chef du M5-RFP, Choguel Kokalla Maïga, comme favori pour devenir Premier ministre.
Le membre du Comité stratégique du M5-RFP, Jeamille Bittar, a publié sur les réseaux sociaux : « Officiel le poste de PM pour le M5-RFP ». Le choix de Choguel Maïga a beaucoup de sens pour le chef de la junte, peu apprécié par l’Occident. Alors que des manifestations dans les rues scandent des slogans anti-français et pro-russes, choisir un homme proche de la Russie est logique.
En effet, Maïga avait fait ses études en URSS. Même s’il a critiqué le coup d’Etat contre IBK, il a été silencieux lors de l’arrestation de Bah N’Daw. Il est aussi originaire de Gao, et en bons termes avec le mouvement insurrectionnel Azawad. Serait-il l’élément manquant pour rallier les Maliens ?
Peu importe pour Goïta, le nouveau chef d’Etat cherche surtout à accommoder l’opposition civile. Il voudrait aussi, sans doute, trouver des alliés internationaux autres que la France. Au vu de l’hostilité de Paris envers le dernier coup d’Etat, la Russie serait sans doute choix adéquat.
Des manifestations pro-russes ou anti-françaises ?
Pendant l’après-midi, des centaines de Maliens ont aussi manifesté dans les rues de Bamako. Certains portaient des pancartes dénonçant l’entrisme français. D’autres portaient des photos des membres de la junte ou le drapeau russe. Une manifestation qui était sans doute organisée afin de promouvoir les relations entre le Mali et la Russie. Selon la presse locale, ce serait un mouvement préparé dont on ignore les origines. D’un côté, pour le M5-RFP, l’acteur à forte capacité de mobilisation, de tels slogans servent autant Goïta que Maïga.
D’un autre côté, ces slogans alimentent surtout un fort sentiment anti-français au Mali. Un sentiment, sans doute compréhensible. L’ingérence française a été un facteur nuisible pour la transition malienne. Et Goïta, un putschiste particulièrement populaire, est très critiqué par la France. De surcroît, les forces françaises de Barkhane avaient bombardé des civils à trois reprises depuis janvier. Au lieu d’assumer ces faits, Paris a envoyé sa ministre des Armées, Florence Parly. Cette dernière avait affirmé que les personnes tuées étaient des terroristes. Or, un rapport des Nations Unies avait démontré qu’il s’agissait de civils, dans un mariage !