Un entrepreneur âgé de 37 ans qui a lancé sa société en 2016, a réussi son pari de fabriquer des drones « Made in Niger ». Aziz Kountché est devenu une célébrité grâce à son ingéniosité, et son engagement ne s’arrête pas au gain personnel.
Des drones 100% nigériens représentaient l’objectif que s’était fixé Aziz Kountché lorsqu’il a attaqué son projet « Drone Africa Service » (DAS) en 2016. Le petit-fils du général Seyni Kountché, président du Niger entre 1974 et 1987, a investi dans l’aéronautique civile, et promis de concevoir des drones qu’il fabriquera au Niger. Une promesse tenue donc.
Aziz Kountché est titulaire d’une licence de pilote de planeurs ultra-légers motorisés (ULM), il a fabriqué son premier drone en 2009. Stimulé par une volonté de lutter contre l’insécurité sociale dans son pays, il a participé au programme de cartographie des zones vulnérables aux inondations de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). En 2016, il a créé son entreprise qui fait maintenant 180 000 dollars de chiffre d’affaires annuel.
Un faiseur de drones, entre praticité et profit
Installé dans son atelier de Niamey, en compagnie de ses trois collègues, c’est de chez lui qu’Aziz conduit ses affaires. « On a déjà quatre ou cinq commandes de drones à livrer », a-t-il déclaré à l’AFP vendredi dernier. Les difficultés itératives que l’entreprise rencontre tournent plutôt autour des produits importés. DAS fait importer les produits nécessaires à la fabrication de ses drones qui ne se trouvent pas au Niger, comme la fibre de carbone et les composants électroniques. Aziz a dit à l’AFP qu’il payait 50 % de la valeur des produits importés en droits de douane, mais que déménager n’est pas une option pour lui.
En effet, la conception des engins, leur modélisation et leur fabrication se font à Niamey. Aziz Kountché ne rechigne pas à admettre que son héritage familial l’a pourvu des bons contacts pour démarrer son business. Cependant, il se réclame aussi de ses propres efforts et de son amour pour sa patrie.
Aziz a fabriqué son premier drone à 25 ans. Cette innovation a beaucoup participé à recueillir des informations vitales sur le terrain dans le Sud-Ouest nigérien. La région était menacé par les incursions fréquentes des groupes terroristes. Ce premier avion télécommandé a servi à cartographier les zones pastorales, fournissant ainsi les ONG de données exactes sur le braconnage dans la région de Diffa.
Actuellement, Aziz Kountché travaille exclusivement sur des contrats de l’Etat et ses partenaires. Néanmoins, le gouvernement lui refuse le droit d’usage sécuritaire et militaire de ses drones, il a donc dû trouver une autre approche de canaliser ses aptitudes.
Transmettre le savoir-faire
Avant l’intervention du DAS, personne n’avait pensé à recenser les milliers de civils déplacés au Niger. A cause de l’absence de données exactes, les ONG ne peuvent que très difficilement prévoir les besoins des flux de réfugiés. Les drones d’Aziz seront donc utilisés pour suivre les flux humains et l’activité des camps de réfugiés.
En considérant la concurrence étrangère, Aziz doit constamment innover et étendre ses activités. La cartographie analytique des zones inondables a été son pain quotidien depuis les grandes pluies de 2020. Le jeune entrepreneur veut cependant produire ses créations en masse et les vendre, ainsi que transmettre son savoir-faire.
C’est pour cette raison qu’Aziz cherche à lancer sa « Drone academy ». Il s’agit d’une école de formation professionnelle où les jeunes nigériens apprendraient à reproduire l’expérience du DAS. Selon Aziz, le Niger pourra affronter de nombreux défis en investissant dans les drones. Les petits engins pourraient réaliser des cartographies spécialisées dans l’agriculture, la gestion des catastrophes et la préservation de l’environnement. Les meilleurs drones peuvent même livrer les denrées alimentaires et effectuer des largages d’urgence de médicaments et autres produits de première nécessité.