Alors que le Maroc a brillé par son absence lors de l’Assemblée générale des Nations unies, au moment du vote condamnant la Russie pour l’opération militaire en Ukraine, la presse assure que de nouveaux vols de la RAM à destination de Moscou vont être lancés.
C’est un article qui a mis le feu aux poudres. Dans son édition du 4 mars, Maghreb Intelligence assure que « Royal Air Maroc va augmenter ses dessertes Casablanca-Moscou ».
Alors que l’absence marocaine lors du vote de l’ONU sur la condamnation de la Russie a été très remarquée, la rumeur sur de nouveaux vols entre le Maroc et la Russie intrigue.
Royal Air Maroc increased capacity on its 1-weekly Casablanca ➡️ Moscow ➡️ Casablanca service on Thursday by deploying the larger Boeing 787-8 Dreamliner.
Perhaps travelers travelling between Russia and Europe / Africa / North America are now using Morocco as a transit point. 🤔 https://t.co/FOEZLaO4eE pic.twitter.com/NAlLyW7ZIT
— AtlasFlyer ✈️ (@MATravelAdvise) March 1, 2022
Et comme l’article de presse le précise, le Maroc n’a « pas pris de mesures de rétorsion contre la Russie comme lui interdire son espace aérien ou interdire de séjour ses ressortissants ».
Dans les faits, la situation reste complexe. Les deux vols hebdomadaires de la Royal Air Maroc (RAM) desservant Moscou avaient pris un retard de 24 heures ce jeudi.
Néanmoins, un troisième vol — un Boeing 787-8 Dreamliner flambant neuf — a effectivement atterri à Moscou vendredi, avant de redécoller directement en direction de Casablanca.
Un vol Maroc-Russie supplémentaire qui interroge, donc. Certains observateurs estiment que la mise en place de ce vol ressemble à un rapprochement entre Rabat et Moscou.
Pourtant, le Maroc a tenu, à plusieurs reprises, à indiquer qu’il resterait neutre à propos de la guerre en Ukraine.
Le Maroc insiste sur sa neutralité
Après l’absence du royaume lors du vote de la résolution onusienne exigeant « de la Fédération de Russie de cesser immédiatement d’employer la force contre l’Ukraine », un communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères indiquait que « le Maroc suit avec inquiétude et préoccupation l’évolution de la situation entre l’Ukraine et la Fédération de Russie » et « regrette l’escalade militaire ».
La diplomatie chérifienne précise par ailleurs que la décision de ne pas voter la résolution de l’ONU relève de sa « souveraineté » et qu’elle « ne saurait faire l’objet d’aucune interprétation par rapport à sa position de principe concernant la situation entre la Fédération de Russie et l’Ukraine ».
Alors, de quoi cette augmentation de la fréquence des vols entre le Maroc et la Russie est-elle le nom ? En avril 2021, dans le cadre d’un accord entre le Maroc et la Russie, les compagnies russes S7 Airlines et Aeroloft avaient commencé à desservir Agadir et Casablanca.
Lire : Maroc : Entre Casablanca et Moscou, il n’y a qu’un pas
Un accord qui avait pour objectif de promouvoir le Maroc auprès des touristes russes. La signature de contrats avait également été le premier pas d’une politique de diversification du royaume, dans le domaine de la fourniture en céréales, dont la Russie est l’un des premiers exportateurs.
Le Maroc, pays de transit vers l’Occident ?
Mais c’est surtout de tourisme dont il s’agit. Le ministère marocain du Tourisme sait que « le tourisme a été parmi les secteurs les plus touchés par la crise sanitaire de 2020 », et que le royaume doit trouver de nouveaux marchés pour se relever dans ce secteur.
Et l’abstention marocaine à l’ONU, sur le dossier russo-ukrainien, peut être une opportunité de reprendre des marchés aux concurrents du royaume. Parmi lesquels l’Egypte, dont les relations avec la Russie étaient pourtant au beau fixe et qui a voté pour la condamnation de la Russie à l’ONU, qui pourrait y avoir laissé des plumes.
Alors que l’Egypte et le Maroc se partageaient le tourisme russe, à la suite de la suspension des liaisons entre l’Egypte et la Russie, la Royal Air Maroc espère reprendre des parts de marchés au Caire. Un créneau très rentable. Le tourisme des Russes en Egypte a rapporté pas moins de 2,73 milliards de dollars au Caire en 2021.
Si les infrastructures marocaines sont encore loin des installations touristiques égyptiennes, le royaume chérifien n’en reste pas moins une destination touristique de choix.
Du côté de Moscou, augmenter la fréquence des vols avec le Maroc permettra également à l’aviation civile russe de profiter de Casablanca comme d’un hub : l’aéroport marocain servira alors de lieu de transit pour les vols russes vers certains pays européens et américains.