Après l’échec des pourparlers organisés en RDC entre l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie mardi, à propos du conflit du barrage de la renaissance (GERD), l’Egypte et l’Ouganda ont signé un accord pour le partage des renseignements entre les deux pays.
Selon un communiqué datant du 8 avril, publié par l’armée ougandaise, un accord aurait été conclu avec les renseignements militaires égyptiens. Cette entente a été signée dans les coulisses des discussions — qui ont échoué — à propos du barrage de la Renaissance (GERD), entre l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie, en République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi ayant tenté de se poser en médiateur.
L’accélération progressive du remplissage du GERD par l’Ethiopie avait été l’occasion de menaces sérieuses du président égyptien al-Sissi envers Addis-Abeba, la semaine dernière. Ce qui a provoqué la seule intervention acceptable selon les Ethiopiens : une médiation africaine, pour laquelle s’était proposé le président de la RDC et de l’Union Africaine (UA), Félix Tshisekedi.
L’échec de Tshisekedi
Un dossier trop complexe pour le président de l’UA, qui espérait résoudre un conflit vieux de plusieurs années en seulement trois jours, en compagnie des ministres des Affaires étrangères des trois pays concernés. Dans les coulisses, des membres des délégations, appartenant aux renseignements militaires égyptiens et ougandais, ont discuté d’un autre accord, qui n’était pas forcément prévu dans les pourparlers.
Une résolution pacifique du conflit des eaux du Nil est donc à écarter pour le moment. Le Soudan et Tshisekedi étaient les seules parties à avoir quelque chose à gagner en cas de succès des pourparlers. Khartoum cherche à éviter à tout prix de devenir le terrain d’une guerre, et le président congolais ne voulait pas échouer dans son premier dossier diplomatique à la tête de l’UA. Un échec pour le chef de l’Etat.
En effet, c’est l’impasse entre l’Egypte et l’Ethiopie. Et al-Sissi, comme Abiy Ahmed, ne fait pas dans la dentelle lorsqu’il s’agit de diplomatie. La complaisance de l’Ethiopie a profité à l’Egypte, qui a pu apparaître comme l’Etat fort dans cette affaire. Et après avoir rallié le Soudan à sa cause, le Caire a réussi à attirer l’Ouganda.
Kampala y met son grain de sel
Du côté de Kampala, le général El-Degwi a déclaré hier : « Le fait est que l’Ouganda et l’Égypte partagent le Nil, la coopération entre les deux pays est inévitable car ce qui affecte les Ougandais affectera d’une manière ou d’une autre l’Égypte ». Le sulfureux al-Sissi tient donc sa promesse de « déstabiliser toute la région » s’il n’obtient pas exactement ce qu’il veut.
Dans le dossier sensible du GERD, l’Ethiopie d’Abiy Ahmed se retrouve donc de plus en plus isolée. L’Ouganda, là où commence le Nil, s’est historiquement opposé aux tentatives de l’Egypte d’exercer un contrôle sur les projets hydroélectriques dans les pays en amont. L’initiative ougandaise est donc une grande surprise.
Entre chaque pays qui rejette sur l’autre la faute, une Egypte qui se prépare à une riposte terrible, un Soudan confus, une Ethiopie fragilisée et, désormais, un Ouganda qui entre en lice, que peut-on attendre de la situation ? Dans ce contexte tendu, une question agite les esprits : se dirige-t-on vers une nouvelle guerre en Afrique de l’Est ?