Alors qu’une délégation gouvernementale espagnole est présente au Maroc, Madrid devrait réaffirmer son soutien au plan marocain dans le dossier du Sahara occidental.
La déclaration est signée Juan Fernando Lopez Aguilar. Pour le député européen socialiste espagnole, la bonne entente avec le Maroc vaut bien quelques compromis. « S’il faut avaler des couleuvres, on le fera ! », a-t-il déclaré il y a quelques jours, alors que, ces 1er et 2 février, Pedro Sánchez est présent à Rabat, accompagné d’une large délégation gouvernementale.
Entre les deux royaumes, les relations n’ont pas toujours été au beau fixe. Mais depuis que Madrid a sacrifié Brahim Ghali, le leader du Front Polisario, puis apporté son soutien au Maroc dans l’épineux dossier du Sahara occidental, c’est main dans la main que les deux pays avancent. En façade en tout cas.
Et cela valait bien une arrivée au Maroc en grande pompe pour le président du gouvernement espagnol. La rencontre bilatérale qui a débuté aujourd’hui est la première de cette importance depuis plus de sept ans. Si plusieurs accords de coopération vont être signés et que douze ministres espagnols s’entretiendront, tout au long de ce séjour, avec leurs homologues marocains, dans les faits, ce sont les dossiers du Sahara occidental et de la politique migratoire qui intéressent respectivement le Maroc et l’Espagne.
Pour Madrid, il s’agit avant tout de stabiliser de façon durable la frontière sud. Et forcément, les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla seront au menu des discussions entre Pedro Sánchez et Aziz Akhannouch. es deux enclaves concentrent à elles seules la pression migratoire entre Rabat et Madrid.
Pour Madrid, les choses n’avancent pas assez vite
Régler ce dossier est primordial pour la suite : l’Espagne regrette la lenteur avec laquelle les échanges commerciaux avec le Maroc ont repris. Si ces derniers ont augmenté de 26 % l’année dernière, la remise en place de passages douaniers viables à Ceuta et Melilla permettra d’augmenter le trafic de marchandises. Le dossier devrait être facilité par les efforts faits par Rabat pour endiguer le phénomène migratoire : depuis que Rabat et Madrid se sont réconciliés, les entrées irrégulières du Maroc vers l’Europe ont baissé d’un tiers.
S’il faut, comme le dit Juan Fernando Lopez Aguilar, « avaler des couleuvres », c’est parce que l’on sait, côté espagnol, qu’il faudra réaffirmer son soutien à la solution marocaine dans le dossier du Sahara occidental pour espérer quoi que ce soit. Le roi Mohammed VI a récemment rappelé qu’il attendait de ses partenaires une prise de position claire sur le sujet.
Madrid est donc, sans le dire clairement, d’accord pour mettre de côté ses convictions pour quelques accords avec le Maroc. Car l’omniprésence de la gauche espagnole dans les débats internationaux avait, jusqu’à aujourd’hui, permis à l’Espagne de ne pas avoir à soutenir le Maroc au Sahara occidental. Mais pour espérer consolider ses accords commerciaux et surtout migratoires avec Rabat, Madrid a fini par apporter son soutien au royaume chérifien. L’amitié retrouvée avec Rabat valait bien de se fâcher avec l’Algérie. À condition toutefois que le Maroc lâche lui aussi du lest. Ce qui devrait être le cas pendant ces deux jours décisifs.