Après les restrictions de voyage imposées par des pays occidentaux aux Sud-Africains, l’Union africaine et l’ONU ont dénoncé une double peine.
Fallait-il fermer les frontières à l’Afrique australe ? Depuis la détection du nouveau variant Omicorn en Afrique du Sud, des mesures ont été prises par les pays occidentaux. Parmi elles, des interdictions de voyager qui énervent passablement les autorités sud-africaines. Mais pas seulement : l’Organisation des Nations unies (ONU) et l’Union africaine (UA) ont toutes deux condamné les fermetures de frontières de plusieurs pays.
Pour le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, il s’agit pour l’Afrique d’une double peine : « On a les instruments pour voyager en sécurité. Alors, utilisons ces instruments pour éviter ce genre… si vous me permettez de le dire ainsi… d’apartheid du voyage ! » Des mots durs pour dénoncer ce qui ressemble à une injustice.
En effet, l’Afrique a bien du mal à vacciner ses populations. A ce jour, 7 % de la population africaine est pleinement vaccinée. Or, depuis le début de la pandémie, il est devenu difficile pour les Africains, voire impossible, de voyager dans l’Union européenne. Depuis la découverte en Afrique du Sud d’Omicorn, le Royaume-Uni, l’Union européenne et les Etats-Unis ont imposé des restrictions de voyage.
L’Union africaine, par la voix de Moussa Faki Mahamat, a dit toute son incompréhension. Car avant l’Afrique du Sud, plusieurs pays, comme les Pays-Bas, ont également enregistré des cas d’infection au nouveau variant. « Il a été révélé que ce virus-là existait dans un ou deux pays européens bien avant les révélations faites par l’Afrique du Sud », affirme le président de la commission de l’UA.
Depuis les décisions européennes, les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique) de l’Union africaine, l’ONU, mais également l’Organisation mondiale de la santé (OMS) tentent de faire pression sur les Etats pour leur faire comprendre que ces restrictions sont aussi incompréhensibles qu’injustifiées.
Des livraisons de vaccins qui s’accélèrent
D’ailleurs, du côté de l’Afrique australe, au moment de l’annonce de la détection du nouveau variant, seul un pays a suspendu ses liaisons aériennes avec ses voisins : l’Angola. Du côté du Botswana, on indique en revanche qu’il faut éviter de « géopolitiser ce virus » et faire preuve de solidarité vis-à-vis des pays voisins.
Reste désormais à poursuivre les efforts de vaccination en Afrique, et particulièrement dans la région australe. « Nous avons un outil puissant, qui s’appelle la vaccination ! », a indiqué le président sud-africain qui déplore le faible taux de vaccination — moins de 24 % des Sud-Africains ont reçu leurs deux doses.
Si l’ONU et l’UA dénoncent une double peine, concernant les fermetures de frontières de la part de l’Europe, les deux organisations en appellent elles aussi à une accélération de la vaccination. La distribution des doses semble s’accélérer, mais l’objectif fixé en début d’année de fournir à l’Afrique 2 milliards de doses d’ici à la fin de l’année semble de plus en plus utopique, à l’heure où un peu plus de 560 millions de doses ont été livrées.
L’Union africaine déplore d’ailleurs que les pays donateurs aient livré des doses dont la date de péremption était trop proche. L’UA demande également du matériel — seringues, aiguilles et diluants — qui n’a pas été livré avec les fameuses doses.