Après une saisie importante de faux vaccins contre la Covid-19 en Afrique du Sud, le continent doit s’attendre à une résurgence du trafic de vaccins falsifiés.
Le troisième Objectif de Développement Durable (ODD) des Nations Unies affirme le besoin d’assurer aux êtres humains « l’accès à des médicaments et des vaccins abordables, sûrs, efficaces et de qualité ». Un véritable défi pour l’Afrique à l’heure de la Covid-19. Le continent est habitué à compter les morts à cause des médicaments contrefaits : on estime à 100 000 le nombre de décès annuels en Afrique. Et les vaccins prennent une part importante dans ces statistiques. En 2017, en pleine campagne d’immunisation des enfants contre la méningite au Niger, plusieurs tonnes de vaccins indiens contrefaits avaient été découverts.
« Cela fait mal aujourd’hui de constater que dans la sous-région, le Niger devient le dépotoir de ces produits », dénonçait à l’époque Chaïbou Samna, le procureur de la république à Niamey. Le Niger est en effet devenue une plaque tournante du trafic de faux médicaments. Un trafic qui alimente les réseaux le crime organisé et le terrorisme en Afrique. Encore plus en cette période sanitaire complexe.
En mai 2020, alors que les antipaludéens comme la chloroquine et l’hydroxychloroquine étaient les produits les plus prisés pour soigner la Covid-19, Jean-Yves Ollivier et Jean-Louis Bruguière, de la Fondation Brazzaville, déploraient que, « falsifiées, ces deux molécules enrichissent le crime organisé qui prospère en Afrique, alors qu’elles sont tombées dans le domaine public et qu’elles sont produites pour un faible coût de fabrication ».
Cinq mois auparavant, les chefs d’Etat de six pays s’étaient engagés, lors de l’Initiative de Lomé, à lutter contre le trafic de médicaments falsifiés. L’objectif était de criminaliser le trafic de produits médicaux de qualité inférieure et falsifiée. Un sommet auquel l’Afrique du Sud n’avait pas pris part.
C’est pourtant dans ce pays qu’ont été saisies 2 400 doses de faux vaccins anti-Covid. Des doses venues de Chine. C’est Interpol qui avait mis les autorités locales en garde. L’Organisation internationale de police criminelle avait notamment prévenu que les vaccins contre la Covid-19 seraient « la cible privilégiée des réseaux criminels ». En plus des doses vaccinales, des masques contrefaits ont également été saisis.
La saisie en Afrique du Sud et la découverte d’un réseau en Chine ne sont que la « face émergée de l’iceberg », prévient Interpol, qui craint que la criminalité liée au vaccin anti-Covid-19 ne prenne encore plus d’ampleur ces prochains mois. Un trafic qui profite notamment de la lenteur des livraisons de vaccins via le programme Covax.
Le secrétaire général d’Interpol, Jürgen Stock, estime qu’il faudra « rassembler les acteurs clés à la fois du secteur public et du privé afin de protéger la sécurité publique ». Avant de mettre en garde les populations : les vaccins disponibles sur internet ne sont pas homologués par l’Organisation mondiale de la santé.